Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 20.djvu/570

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

navale allemande l’insuffisance du nombre de ses croiseurs cuirassés et exprimer, en termes peu voilés, le regret que cette insuffisance fit obstacle aux fructueuses opérations que l’on pourrait entreprendre, au large, contre les lignes de communications de l’adversaire.

Ne doutons pas, par conséquent, qu’il ne soit dans les intentions de l’Amirauté de Berlin de modifier une fois de plus le programme de 1900 dans le sens d’une augmentation sensible du nombre des croiseurs de combat et de l’accélération des travaux de ceux qui sont déjà ou qui doivent être mis prochainement en chantier [1].


Avant de parler de ces grandes croisières au large dont les entreprenans marins de l’Allemagne d’aujourd’hui commencent à se préoccuper, il convient de dire un mot d’opérations d’une portée stratégique très sérieuse que l’armée navale rassemblée dans la Deutsche See pourrait être amenée à poursuivre en dehors de ses eaux territoriales et sur les côtes de l’adversaire, avec le concours de ses croiseurs cuirassés, croiseurs de combat compris.

Il s’agit de ces débarquemens dont la menace donne, depuis quelques années, tant de soucis à l’Angleterre. On sait que les grandes manœuvres de la Home fleet fournirent, l’an dernier, une apparence de fondement à des craintes que beaucoup d’hommes avertis estiment chimériques, mais qu’entretiennent avec soin, pour les besoins de causes fort différentes, d’une part les conservateurs de vieille roche qui, sous la bannière de lord Roberts, croient nécessaire de proposer au peuple anglais le service obligatoire, de l’autre les radicaux et surtout les socialistes qui, à la suite de M. Lloyd George, veulent lui persuader de s’entendre directement avec l’Allemagne pour en arriver à une sorte de désarmement maritime partiel, dont on ne veut d’ailleurs pas à Berlin.

  1. Le programme officiel prévoit, de 1912 à 1920, 1 mise en chantier par an pour cette catégorie de bâtimens. La discussion récente du budget de la marine allemande au Reichstag confirme pleinement l’opinion que nous venons d’émettre. L’amiral von Tirpitz s’est prononcé pour l’augmentation du nombre des croiseurs de combat.