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LE
RÔLE DES CROISEURS CUIRASSÉS ALLEMANDS

Sans s’émouvoir des suggestions quelquefois pressantes du ministère radical anglais en faveur de la limitation des constructions navales, l’Allemagne poursuit inflexiblement l’exécution du programme d’accroissement de sa flotte [1].

Ce programme, établi en 1900, a été successivement amendé, mais toujours dans le sens de l’avance des mises en chantier, en 1906, 1908 et 1912. Il comporte la construction, de 1900 à 1917, de 18 unités de la catégorie autrefois qualifiée de croiseur cuirassé et qu’aujourd’hui les Allemands, comme les Anglais, appellent « croiseurs de combat, » pour bien marquer l’intention d’introduire ces bâtimens dans la ligne de bataille, ainsi que l’avaient fait déjà, mais prématurément, — hardiment, en tout cas, — les Japonais à Tsou-shima, il y a dix ans.

Cette préoccupation devait fatalement s’imposer : la recherche du meilleur rendement possible d’un prix de revient aussi élevé que celui d’un croiseur cuirassé devait aboutir à doter cet éclaireur de trop grande taille (et trop puissant s’il ne devait que découvrir et escarmoucher) d’un armement en canon et cuirasse très voisin de celui des unités de combat proprement dites.

Mais comme on ne voulait cependant pas priver le croiseur

  1. Lois fondamentales des 10 avril 1898 et 14 juin 1900 ; amendemens des 5 juin 1906, 6 avril 1908, 14 juin 1912. — D’après ces dispositions législatives, la flotte allemande doit comprendre en 1919-1920 (dernières mises en chantiers en 1917 : 41 cuirassés de ligne ; 20 croiseurs-cuirassés ou « croiseurs de combat ; » 40 croiseurs protégés ou éclaireurs d’escadre ; 144 torpilleurs de grande taille ; 72 sous-marins. Ces chiffres seront certainement dépassés en 1920.