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LA DERNIÈRE ANNÉE DE DANTON

III [1]
L’ARRESTATION, LE PROCÈS ET LA MORT


I. — L’ARRESTATION

Hébert fut guillotiné le 5 germinal (26 mars). L’impression était que Danton serait le bénéficiaire de l’événement. Son discours du 29 ventôse l’avait porté si haut ! Du coup, le crédit de Robespierre avait paru baisser : un dantoniste, Bourdon, avait osé, ce 29 ventôse même, demander qu’on arrêtât Héron, le policier de Maximilien, et la Convention l’avait suivi ; il avait fallu que Robespierre vînt, le lendemain, réclamer son homme, qu’on lui rendit. Mais le coup lui avait été sensible. Par ailleurs, Tallien, qu’on disait à Danton, arrivait au fauteuil de la Convention le 1er germinal, tandis que Legendre, séide du grand Cordelier, était porté à la présidence des Jacobins.

Robespierre se crut enveloppé : il était temps qu’il brisât le cercle ; la perte de Danton devenait urgente.

Le 1er germinal (22 mars), ils se rencontrèrent une dernière fois a la table d’un ami commun, Humbert, chef du bureau des fonds, en compagnie de Legendre, Panis, Desforges et autres. A croire un des convives, Danton adjura Robespierre une dernière fois de se dérober aux intrigues que nouaient contre lui,

  1. Voyez la Revue des 1er et 15 mars.