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Conseil où il a été remplacé par M. Goremykine, et du ministère des Finances où il a été remplacé par M. Bark. Sa démission est due à des motifs de l’ordre intérieur et il n’y a nullement lieu de craindre que la politique extérieure de la Russie n’en soit modifiée, car c’est l’Empereur qui la dirige souverainement ; mais M. Kokowtzoff a toujours pratiqué trop loyalement et trop cordialement l’alliance pour ne pas emporter toutes nos sympathies dans sa retraite. Son successeur au ministère des Finances, justement préoccupé de l’inquiétude que l’article de la Gazette de Cologne a fait naître dans le monde des affaires, a essayé de la dissiper par sa note : en reproduisant celle-ci, la Gazette de l’Allemagne du Nord a quelque peu renversé les rôles, comme si elle voulait faire croire que c’est le gouvernement russe qui donnait des explications, alors qu’on en attendait du gouvernement allemand. Le silence de ce dernier, ou de ses organes attitrés, montre qu’il est loin de désavouer l’article de la Gazette de Cologne. Les Journaux mêmes qui signalent quelques exagérations dans cet article et dans ceux qui sont venus depuis, disent qu’il contient des énonciations de fait dont il convient de tenir grand compte. Et la campagne continue.

Il est clair que le gouvernement allemand, qu’il ait ou non connu l’article avant sa publication, en approuve l’esprit. Le coup porté demeure donc et on ne l’oubliera pas de sitôt à Saint-Pétersbourg. La tranquillité de l’Europe n’en sera sûrement pas augmentée. Il ne faut pourtant rien exagérer : nous sommes trop habitués à ces campagnes virulentes de la presse germanique pour nous en émouvoir outre mesure, et si la Russie n’en a pas la même expérience, elle l’acquerra. Mais, en attendant, le malaise qui pèse sur l’Europe s’alourdit de plus en plus, au lieu de s’alléger.


FRANCIS CHARMES.


Le Directeur-Gérant,

FRANCIS CHARMES.