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REVUE MUSICALE


Théâtre de L’Opéra-Comique : Céleste, de M. Émile Trépard. — La Vie brève ; poème de Carlos Fernandez Shaw ; adaptation de M. Paul Milliet, musique de M. Manuel de Falla. — La Marchande d’allumettes, poème de Mme Rosemonde Gérard et M. Maurice Rostand, musique de M. Tiarko Richepin. — Le Déluge à Bourges.


Nous sommes en retard avec le théâtre de l’Opéra-Comique. Il n’est plus temps, après deux mois et demi, d’offrir nos regrets et nos félicitations à M. Albert Carré, nos souhaits de bienvenue au trio de ses successeurs. Qui se souvient aussi de la nommée Céleste ? Passée du roman, — d’un roman de M. Gustave Guiches, — sur la scène, avec musique de M. Émile Trépard, cette jeune et laïque institutrice, mise à mal par un fils de famille du département du Lot, ne fit que passer et fit bien. L’œuvre, ou plutôt ce qu’il y avait de plus notable dans l’œuvre, n’était guère autre chose qu’un essai renouvelé du Rêve et de Louise, deux précédens fort inégaux en mérite, mais dangereux également. Le dit essai consiste à mettre en musique tout ce qui, dans la vie moyenne, se fait et se dit, non seulement de plus familier, mais de plus ordinaire. Céleste, au premier acte surtout, nous parut, à cet égard, un modèle accompli. Le lieu de l’action était un salon bourgeois, à Cahors, avant et pendant une soirée dansante, chantante aussi, car tout, absolument tout, s’y chantait, jusqu’aux moindres incidens de la provinciale sauterie. Ainsi le maître de la maison, près d’échanger la robe de chambre pour le frac de cérémonie, s’attardait paresseusement à Ure, en musique, son « cher Indépendant du Lot. » Cela, c’était le « caractère enjoué. » Quand c’était le genre sentimental, l’amoureux tenait à la jeune première, en musique toujours, des propos de ce goût : « Avant de vous rencontrer, Mademoiselle, je ne me rendais pas compte combien ma vie antérieure, etc. »