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— le froment, l’orge, l’avoine, le maïs, — prospéraient dans la région côtière aux environs de Tauchira, de Darnis, de Barca, d’Euhespérides ; le blé d’Euhespérides donnait un rendement de cent pour un. Les pâturages occupaient les parties les mieux arrosées du pays, notamment les pentes septentrionales et le sommet du plateau. L’élevage était une des grandes industries nationales ; la légende racontait que le secret en avait été révélé par les nymphes elles-mêmes. Cyrène élevait des bœufs, des moutons, des chèvres, surtout des chevaux particulièrement renommés pour leur endurance et leur vigueur. C’étaient des animaux de trait incomparables, notamment pour les courses de chars. Les cochers valaient leurs attelages ; leur réputation de conducteurs était universelle. Un camée représente l’un d’eux conduisant vingt chevaux de front. L’élevage de l’autruche n’était pas moins prospère ; le miel de Cyrénaïque faisait prime dans le monde grec.

Peu de forêts, sauf quelques bois aux environs immédiats de Cyrène, mais beaucoup d’arbres fruitiers, surtout au bord de la mer : figuiers, dattiers, lotus, orangers, citronniers, caroubiers, en un mot toute la végétation arborescente du domaine méditerranéen. L’olivier y était très productif et l’huile de Cyrénaïque particulièrement estimée. La vigne était cultivée avec succès dans la zone maritime ; Bacchus avait ses temples à Tauchira et à Cyrène. Nous ne saurions enfin passer sous silence une des productions les plus caractéristiques et les plus précieuses de la Cyrénaïque, le fameux silphium. Pline, un grand curieux et un incorrigible bavard, deux défauts dont nous serions mal venus à nous plaindre, a consacré au silphium le plus enthousiaste des panégyriques : « Le suc du silphium, nous dit-il, est compté parmi les dons les plus rares de la nature et entre dans un grand nombre de compositions médicamenteuses. Employé seul, il réchauffe ceux qui sont transis de froid ; en breuvage, il remédie aux maladies des nerfs... Incorporé avec de la cire, il guérit les cors. Délayé et pris à la grosseur d’un pois chiche, il est diurétique. Il facilite beaucoup la digestion chez les vieillards et les femmes... En aliment, il est efficace dans les convalescences. Il n’y a qu’une voix pour en proclamer l’efficacité dans les maladies extérieures. Pris en boisson, il neutralise le venin des armes empoisonnées et des serpens ; avec l’eau, on en fait un topique qu’on met sur les