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pastoriennes, a procuré au maître la dernière joie de sa vie et l’une des plus grandes. Il contient 120 lits et ne grève en rien le budget de la maison. On y a inauguré un système d’isolement des malades qui permet d’éviter toute contagion et de soigner les maladies les plus transmissibles l’une à côté de l’autre ; ce système est maintenant pris pour modèle dans le monde entier pour l’aménagement des hôpitaux. De 1900 à la fin de 1913, 14 415 malades y ont été reçus, ils y ont passé 350 676 journées, épargnées à l’administration de l’Assistance publique.

Quant à l’Institut lui-même, il n’a cessé de bénéficier de libéralités nouvelles dont la plus somptueuse fut sans doute celle de M. Osiris. Grâce à ces nouveaux revenus, l’Institut a pu encore récemment aménager et agrandir ses laboratoires et augmenter son personnel. Si on veut nous permettre ces chiffres qui ont leur éloquence, nous ajouterons que l’Institut a fourni depuis dix-huit ans 1932 000 flacons environ de sérums thérapeutiques (antidiphtériques, antitétaniques, antipesteux, antistreptococciques, antiméningo-cocciques), que, depuis vingt-huit ans, 33 000 personnes, dont 129 seulement ont succombé, ont subi le traitement antirabique, qu’il a été délivré aux agriculteurs plus de 40 millions de doses de vaccin charbonneux, plus de 10 millions de doses de vaccin du rouget, sans parler des milliers de bouteilles d’une culture bacillaire que M. Danysz fabrique pour la destruction des campagnols et des rats, à qui on communique ainsi une maladie infectieuse.

L’Institut Pasteur, sans parler des instituts calqués sur lui qui fonctionnent à l’étranger, subventionne les Instituts Pasteur de Lille, de Nhatrang (Annam), de Saïgon (Cochinchine), de Brazzaville (Congo) et d’Alger. La maison-mère de Paris compte aujourd’hui un personnel de plus de 150 personnes, trois grands services d’enseignement et un très grand nombre de laboratoires de recherches admirablement outillés.

Tel est le cadre. Nous allons essayer maintenant de tracer un tableau succinct de l’œuvre qui, depuis un quart de siècle, y a déployé sa magnifique floraison,


Pasteur avait montré d’abord qu’un grand nombre des maladies des êtres vivans sont dues à des microorganismes pour lesquels Sédillot, — après s’être fait délivrer par Littré un certificat d’orthodoxie linguistique, — a inventé le nom si expressif de microbes, puis que la transmission de beaucoup de ces maladies infectieuses se fait par le