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a constitué au travers de la vallée de Chaudefour. Au même moment géologique, les cratères de Montchat et de Montcineyre vomissaient le torrent de roches fondues, maintenant solidifiées en cheires, et la perforation cylindrique que remplissent les eaux du lac Pavin s’ouvrait comme à l’emporte-pièce. On s’imagine le paysage romantique de cette époque animé par le passage de bandes de Mammouths, substituées aux troupeaux d’Elephas antiquus déjà éteint et par les ébats des Rhinocéros à narines cloisonnées succédant à Rhinocéros Merckii, dont les débris caractérisent le quaternaire le plus inférieur.

Mais c’est plus récemment encore que se sont déchaînées les éruptions du Vivarais et des monts Dômes et cette fois, les fossiles en font reporter l’âge aux temps qualifiés de quaternaires supérieurs.

Il s’agit dans ces deux régions de cônes parfois si bien conservés qu’ils donnent l’idée d’une reprise possible de leur activité. Ce qui est certain, c’est que l’homme a été le témoin et, plus d’une fois, la victime des éruptions du Velay et de la chaîne du Puy de Dôme.

En travaillant une vigne au lieu dit l’Ermitage, sur le versant du volcan de la Denise, à la porte de la ville du Puy-en-Velay, un paysan découvrit en 1844 un débris de crâne humain. Ce fragment était incrusté d’oxyde de fer fortement adhérent, témoignant de son très long enfouissement dans la couche de limonite d’où il était extrait. Le laboureur, continuant son travail, mit au jour d’autres débris squelettiques qui, par chance, furent conservés et qu’on peut voir aujourd’hui au musée du Puy. De longues études, auxquelles prirent part un grand nombre de géologues expérimentés, démontrèrent qu’il s’agit d’un homme qui, Pompéien d’avant l’histoire, fut enseveli sous les cendres rejetées par le volcan de la Denise. Le docteur Sauvage écrivait en 1872 que « le frontal de la Denise appartient certainement à la race dolichocéphale dont les crânes du Neanderthal, d’Eguisheim et de Cannstadt sont les représentans. » L’homme de la Denise est donc contemporain de la faune à Rhinoceros Merckii, c’est-à-dire du quaternaire le plus ancien.

Les débris de la Denise sont d’autant plus précieux qu’ils sont les seuls restes parfaitement authentiques d’hommes témoins des éruptions de la France centrale, car ce que dit Soulavie, d’ossemens trouvés dans les laves du Coiron (Ardèche), est fort contestable.