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lapilli, qui se sont accumulés en cônes comparables à ceux qui forment les puys de Lassolas, du Nid de la Poule, du Pariou et d’autres. Quand le phénomène éruptif a pris fin, le conduit vertical était tout encombré de matériaux en route pour la surface et destinés même à être lancés dans l’atmosphère, pour retomber en un bourrelet autour du point de projection. Ils se sont cimentés dans cette perforation cylindrique dont ils constituent aujourd’hui le moulage.

Les perforations volcaniques manifestent du reste une grande tendance à l’alignement régulier : les rochers Corneille, Saint-Michel et de Polignac, dont le château historique a laissé des ruines si imposantes, en donnent la preuve. Il est évident que ces points de sorties sont coordonnés sur une même cassure profonde du sol, peut-être en des points d’entre-croisement de cette grande géoclase avec des fêlures affectant une orientation différente. On peut remarquer qu’une pareille disposition est exactement celle qu’affectent les si curieuses cheminées dans lesquelles se rencontrent les sables à diamans du Cap de Bonne-Espérance, car le rapprochement est riche en conséquences, quant à l’histoire des volcans. En effet les lapilli, précurseurs des laves et consistant en débris charriés comme les boues des torrens, — mais dans une direction essentiellement différente, puisqu’elle est perpendiculaire à l’horizon, — méritent de figurer dans la catégorie de produits géologiques qualifiés d’alluvions verticales.

Le massif du Mont-Dore qui, depuis le miocène, a eu des éruptions, a continué de manifester son activité jusqu’au milieu du quaternaire. On y voit des cratères encore bien reconnaissables à leur forme et à leurs relations avec les coulées qui en partent. Dans le nombre, nous citerons le cône tronqué du Tar-taret, auprès de Murols, avec son fleuve de pierre qui s’est épanché sur 20 kilomètres de longueur dans la vallée de la Couze. La lave en a recouvert une nappe d’argile où se trouvaient des ossemens de chevaux et des coquilles terrestres, dont les espèces, principalement des escargots, vivent encore : ce qui n’empêche pas que l’éruption qui l’a produite ne soit nettement antérieure à toutes les époques historiques. Le pittoresque lac de Chambon, dont, pour le dire en passant, George Sand a donné autrefois dans cette Revue une description et une théorie si exactes, doit son existence au barrage que la coulée du Tartaret