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d’abord leur attention. Il est formé de courtes articulations de colonnes basaltiques plantées perpendiculairement dans le sol, et ressemble par suite à celui des routes antiques dans le voisinage de Rome, qui sont pavées avec des pièces polygonales de lave. En s’informant, ils apprirent que ces pierres provenaient du rocher sur lequel est bâti Roche-Maure, sur la rive opposée du Rhône ; et on les instruisit en outre que des roches pareilles abondaient dans les montagnes du Vivarais. Ces renseignemens engagèrent les académiciens à visiter cette province ; et étape par étape, ils atteignirent la capitale de l’Auvergne, découvrant chaque jour une raison nouvelle pour croire à la nature volcanique des montagnes qu’ils traversaient. Arrivés à Clermont, tout doute disparut. Les courans de lave des environs de cette ville, noirs et hérissés comme ceux du Vésuve, descendant sans interruption de plusieurs cônes de scories qui, pour la plupart, présentent un cratère régulier, les convainquirent de la vérité de leurs conjectures, et ils proclamèrent hautement leur intéressante découverte. »

Naturellement, le Mémoire de Guettard : Sur quelques montagnes de France qui ont été des volcans (1751), ne rencontra que des incrédules parmi les savans confrères de l’auteur, qui firent à ce sujet de l’érudition, disant que les scories volcaniques n’étaient que les résidus des fourneaux de forges romaines. Il fallut vingt ans pour qu’un travail de Desmarets, sur l’origine des basaltes, fit admettre la réalité des volcans d’Auvergne.

Et si Montélimar n’avait pas été sur la route d’Italie, les géologues du XIXe siècle auraient eu probablement l’honneur de la découverte. Depuis Desmarets, les principales études sur les volcans d’Auvergne sont dues à Ch. Lyell, Poulett Scrope, Henri Lecoq, Leopold de Buch, Montlosier, Ramond, Fouqué, Rames, MM. Archibald Geikie, Boule, Glangeaud, etc. Celle du Vivarais appartient spécialement, d’une part, à Faujas Saint-Fond qui fut (1793) notre premier prédécesseur dans la chaire de géologie au Muséum et qui a décrit cette province en 1778 avec une grande précision dans un magnifique ouvrage, et, d’autre part, à l’abbé Giraud Soulavie, que nous avons déjà cité et à qui nous ferons d’autres emprunts.

Le Vivarais se signale par la parfaite conservation de ses volcans. On y compte six cônes s’élevant de plusieurs centaines de mètres au-dessus du plateau granitique sur lequel se