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renaissante. Une jonchée de feuillage frais s’étend sur le sol, comme un tapis aux nuances printanières, pour accueillir cette procession populaire qui retourne au port, sous une averse de fleurs, et que guide l’autorité chrétienne d’un chef religieux. L’évêque est toujours en tête du cortège. Il marche avec beaucoup de dignité, la main droite appuyée sur la pomme d’argent de sa haute canne d’ébène. On lui cède le pas. C’est lui qui reconduit l’amiral et l’état-major de l’escadre jusqu’à l’embarcadère où accoste la vedette de l’Averof au milieu des embarcations envoyées par les autres navires mouillés en rade. J’entends des acclamations :

— Vive la flotte !

— Vive notre navarque !

— Vive notre évêque !

Et soudain, devant la mer couleur de fleur, où la beauté du jour ennoblit comme un mirage de paradis la vision de l’Asie toute proche, au-dessus des rumeurs et des murmures de cette foule vibrante, un cri s’élève, aussitôt répété, multiplié, en français et on grec, par des milliers de voix :

Zitó i Gallia !… Vive la France !


GASTON DESCHAMPS.