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libérales de M. Landry, puis j’examinai ses nouvelles propositions.

M. MAURICE BARRÈS. — En modifiant sur deux points votre texte, vous avez voulu d’abord faire tomber le reproche que je vous adressais ce matin de ne mettre aucun argent du Gouvernement dans ces caisses pour lesquelles vous demandez aux artistes et aux catholiques de faire un effort. Vous venez m’annoncer, ce soir, que le Gouvernement pourra donner quelque chose. Mais enfin, que donnera-t-il ? MM. Caillaux, Briand et Clemenceau avaient déposé un projet qui attribuait aux édifices religieux une somme annuelle provenant de l’ancien budget des cultes ; il y a quelques jours, dans un article remarquable de la Revue de Paris, un des chefs de service les plus distingués de l’administration des Beaux-Arts, M. Paul Léon, nous disait qu’une somme annuelle de 3 millions restait à la disposition de l’administration. Faites-vous état de cette somme de 3 millions ? Quel est le sacrifice que vous comptez faire ? Comment se fait-il que vous n’y ayez pensé qu’aujourd’hui à midi et demi et pourquoi faut-il que nous soyons dans l’ombre pour en discuter ? (Très bien ! très bien ! à droite.)

M. LE RAPPORTEUR GENERAL. — Nous ne sommes pas dans l’ombre du tout.

M. MAURICE BARRÈS. — J’admets le principe d’une caisse dotée de la personnalité civile, mais telle que vous les créez, ces deux caisses m’apparaissent comme un instrument de règne. En effet, cet argent que vous obtiendrez surtout des catholiques, comment le distribuerez-vous ? Je ne mets pas en cause l’honorabilité des hommes que vous appellerez à procéder à la distribution de cet argent, mais les influences politiques sont toutes-puissantes. Dans le régime des partis, qui est notre régime constitutionnel, seules les communes bien en cour participeront aux ressources de ces caisses ainsi constituées. (Applaudissemens à droite.) C’est pour cela que je proposais un fonctionnement automatique des caisses. Je vous proposais que, chaque fois qu’un sacrifice sera consenti par un homme de bonne volonté, dans des conditions approuvées par la Commission des monumens historiques, il ait droit à ce que la caisse, fonctionnant automatiquement, vienne le fortifier, l’aider dans sa bonne volonté.

Voilà ma réponse à votre première amélioration que je trouve insuffisante.

J’aime mieux la seconde satisfaction que vous me donnez.