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bien voulu aller déjeuner et donnait des signes d’impatience.

— Mais, monsieur le ministre de l’Intérieur, disait l’honorable rapporteur général du budget, M. Chéron, il ne faut pas me tourner le dos.

J’allai prendre mon pardessus et mon chapeau. Quand je quittai le Palais-Bourbon, je vis le ministre, le rapporteur général, les deux auteurs de l’amendement, Landry et Honnorat, les deux messieurs Reinach, M. Ferdinand Buisson et d’autres gens de bon conseil qui discutaient avec vivacité. Ils étaient en train de faire la toilette de leur ours et de le rendre un peu plus présentable pour la séance de l’après-midi.

Ils discutèrent, gribouillèrent, improvisèrent, et, quand nous revînmes à trois heures, on n’avait plus de texte en main : ils avaient déchiré leur ancienne rédaction, et de la nouvelle ne pouvaient nous offrir aucune copie imprimée, pas même dactylographiée, et c’était des « Je vais vous dire… nous supprimons ceci… nous ajoutons cela ;… vous réclamiez un texte d’ensemble, nous intercalons Reinach ;… vous vous plaigniez qu’il n’y eût pas d’affectation spéciale du Gouvernement, il pourra donner à ses crédits une affectation spéciale, » et dans le plus grand désordre, ils multipliaient les explications à mon oreille et, j’imagine, aux oreilles de mes six cents collègues quand un petit bout de papier eût seul fait notre affaire.

Cependant le président avec rapidité, à voix basse, selon la coutume, lisait le nouveau texte, puis d’une voix haute donnait la parole à M. Landry.

M. Landry indiqua « les satisfactions importantes que, d’accord avec le Gouvernement et la Commission du budget, » il était à cette heure en mesure de me donner. C’était d’abord que la première caisse, celle des monumens historiques, comprendrait des subventions de l’Etat avec affectation spéciale (c’est-à-dire réservées aux églises) ; c’était ensuite la disposition présentée par M. Joseph Reinach pour briser la mauvaise volonté des municipalités qui s’obstinent à ruiner les églises et repoussent systématiquement les générosités des particuliers.

— Ces deux additions sont importantes, concluait M. Landry, et je voudrais espérer que, maintenant que nous les avons faites, M. Barrès ne persistera pas à s’opposer au vote de notre amendement.

Je commençai par rendre hommage aux tendances