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construites avant 1800, un grand nombre de nos collègues, je le sais, sont prêts à s’y rallier. Alors, comment est-il possible que le Gouvernement ne prenne pas en main l’élaboration de ce moyen légal, qui sauverait le magnifique patrimoine de notre architecture religieuse ?

Hélas ! il est impossible de ne pas remarquer que le Gouvernement, loin de se préoccuper de la question, s’en désintéresse durement et que, là même où il est armé, il ne fait pas son devoir.

Il n’est rien de tel que de citer des faits ; je voudrais vous en citer, comme je n’ai jamais manqué de le faire au cours de mes précédentes interventions. Et c’est par-là que je terminerai. Je voudrais vous montrer que, si nous sommes d’accord pour traiter de sectaires, d’hommes qui se déclassent du parti républicain…

M. BARTHE. — De vandales !

M. MAURICE BARRÈS. — De vandales, oui… ceux qui exercent leurs ignobles puissances de haine contre les édifices d’architecture religieuse, nous ne les désarmons pas ; ils viennent encore de raffiner. Ils ne se contentent plus de vouloir démolir, ils ont la préoccupation de déshonorer les églises. Et ici avec une complaisance de la part du Gouvernement que je puis traiter de complicité. Mais écoutez-moi.

Dans la contrée privilégiée qu’on appelle le jardin de la France, il existe une ville aimable entre toutes, où subsiste un vestige charmant d’une architecture du XVe siècle, quelque chose d’assez pareil à ce qu’est à Paris la tour Saint-Jacques. Les artistes, les catholiques, les citoyens amoureux de leur petite ville, ont désiré faire classer cette tour. Le conseil municipal voyait la chose avec hostilité ; puis, à un instant donné, en présence du grand mouvement qui se dessinait, il a dit : « Eh bien ! vous voulez la conserver ; conservons-la, on peut toujours en faire quelque chose, elle peut toujours servir. »

Et savez-vous à quoi cette tour, pour laquelle il y a une instance de classement, pour laquelle déjà la Commission des monumens historiques a donné un avis favorable, savez-vous à quoi ils la font servir ? Ils y installent des latrines publiques ! (Mouvemens divers.) L’installation est commencée, elle se poursuit contre la loi, alors que le classement est décidé, est accordé en principe par un avis favorable de la Commission.

Il s’agit, messieurs, de la tour Saint-Martin à Vendôme.

Au cours des travaux, des ossemens humains et même un