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une de ces expériences qui enrichissent un homme. Je ne peux pas oublier de tels propos. Ils suffisent, avec les autres raisons que je vous ai données, pour que je ne puisse pas accepter la proposition de mon collègue Landry, à la bonne volonté de qui je rends volontiers hommage.

Est-ce à dire qu’il soit impossible ou très difficile de donner satisfaction aux églises ? Nullement. J’accepte l’idée d’une caisse. Mais, pour décider l’argent des hommes de bonne volonté, que le Gouvernement sollicite, il serait bon que le Gouvernement lui-même fit un geste. MM. Caillaux, Briand, Clemenceau nous ont indiqué qu’il y avait moyen de faire un apport d’argent. Cet apport serait une indispensable indication.

Ensuite, il faut briser la résistance des municipalités qui veulent laisser s’écrouler leurs églises. Pour cela, un moyen très simple, c’est le classement de toutes les églises construites avant 1800. Cette idée a été acceptée immédiatement, vous vous rappelez dans quels termes, qui ont frappé toute la Chambre et qui y ont fait l’unité, par M. Marcel Sembat.

M. DELORY. — Avec des réserves.

M. MAURICE BARRÈS. — Il est possible qu’il ait fait des réserves. Je me garderai bien de disposer de la pensée d’un absent. Pourtant, je crois pouvoir vous dire que M. Marcel Sembat s’accorde avec moi pour demander le classement de toutes les églises construites avant l’année 1800. Le classement, ne vous y trompez pas, messieurs, n’entraîne pas l’obligation pour l’Etat d’entretenir les églises. Si l’idée d’un classement en bloc peut, d’abord, vous heurter, c’est que vous croyez que le classement d’office entraîne l’obligation d’entretenir l’église. Pas le moins du monde. Le classement rend l’église apte à recevoir un apport ; il a cet avantage de briser la résistance de ces communes qui empêchent des gens de bonne volonté de faire un sacrifice en faveur de leur église.

Ah ! messieurs, nous ne sommes pas loin de nous entendre. De tous les côtés l’accord se prépare. De tous les partis on apporte une pierre à la digue contre le vandalisme. M. Joseph Reinach propose d’obliger les communes à ne pas repousser l’apport des contribuables de bonne volonté. L’idée de M. Landry, l’idée d’une caisse dotée de la personnalité civile, c’est une idée en elle-même fort bonne et dont j’accepte le principe. Enfin, l’idée du classement en bloc de toutes les églises