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pour une caisse qui l’emploiera peut-être à entretenir les mairies, les bornes-fontaines, les abreuvoirs, les maisons d’école.

De même, si je m’intéresse aux mairies, aux écoles, aux abreuvoirs, comment irais-je mettre dans votre caisse de l’argent que vous pourrez employer à entretenir les églises ?

M. LE SOUS-SECRETAIRE D’ETAT DE L’INTERIEUR. — Mais non !

M. MAURICE BARRÈS. — C’est entendu, j’entends votre réponse ; j’y arrive… J’arrive à l’objection que me font, à chaque virgule de mon discours, mes collègues, à savoir que le donateur peut donner une affectation spéciale à ses dons. Soit ! Je remets une somme à votre caisse n° 2 en disant : « C’est en vue de l’église de mon village que je vous donne cette somme. » Quel avantage ai-je à la placer chez vous ? Il est tout aussi simple, sans quitter mon village, de la donner à l’église que j’ai en face de moi. Qu’est-ce qui m’empêchera de faire cette opération ? Une seule difficulté. Le cas où je me trouverai en présence d’une municipalité sectaire, laquelle refusera mon concours. Eh bien ! pas plus que moi, vous ne pourrez triompher de cet indigne obstacle. Il n’y a rien, dans votre proposition, qui oblige une municipalité sectaire à accepter l’argent de votre caisse. La municipalité sectaire qui veut la ruine de son église me refuse, elle vous refusera…

M. DE KERGUEZEC. — Qu’est-ce que c’est qu’une municipalité sectaire ! (Exclamations ironiques à droite et au centre.)

M. PAUL BEAUREGARD. — Il n’y a que vous qui ne le sachiez pas.

M. MAURICE BARRÈS. — Votre proposition a cette faiblesse que, pas plus que je ne puis obliger, moi, la municipalité qui veut la mort de son église à accepter mon argent, pas davantage, vous, avec votre caisse n° 2, vous n’êtes en mesure d’obliger la municipalité sectaire à accepter votre apport. Dans ces conditions, qu’y a-t-il dans votre projet qui puisse me rassurer sur l’appel que vous faites à la bonne volonté des catholiques ?

M. JOSEPH REINACH. — à y a mon amendement.

M. MAURICE BARRÈS. — Je prends déjà sur moi d’exposer les idées de M. Landry, je ne me reconnais aucune qualité pour exposer vos idées. Je prends acte du fait que vous avez déposé un amendement tendant à régler cette situation insupportable ; mais cet amendement ne vise pas le projet que j’examine en ce moment et sur lequel la discussion a été appelée.