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que le 1er corps n’eût réussi à opérer sa jonction avec la garnison d’Anvers et sentant que, dès lors, il ne se trouverait plus assez supérieur en forces, Thielmann s’était replié pour réunir à ses troupes sept bataillons et quelques escadrons saxons qui lui arrivaient d’Audenarde. Cependant le Duc de Weimar, trompé sur les projets de Maison, prenait ses dispositions pour couvrir Bruxelles. Appelant à son aide la division suédoise du général Walmoden, division qui, détachée du corps du Prince royal, occupait alors Louvain, Weimar concentrait à Alost 9 000 hommes et 900 chevaux avec lesquels il se proposait de prendre en front l’armée française, tandis que Thielmann la menacerait en flanc avec 15 bataillons et 700 cavaliers. En même temps, quelques troupes alliées se postaient à Courtrai, Harlebeke et Deynze, un détachement s’établissait à Leuze, comme soutien de la garnison de Tournai, et le major Hellvig allait renforcer devant Condé et Valenciennes la chaîne des avant-postes[1] .

En opérant, par cette marche hardie, sa jonction avec la division Roguet, Maison avait renforcé son armée d’environ 4 000 baïonnettes, 260 sabres et 14 pièces, de sorte que l’ensemble de ses forces s’élevait maintenant à 9 700 fantassins, 1 360 cavaliers et 35 bouches à feu[2] ; néanmoins, ces forces restaient encore très inférieures à celles de son adversaire.

En établissant la division Roguet à Gontrode, en poussant des reconnaissances bien au-delà sur la route d’Alost, en répandant parmi les habitans qu’il allait marcher sur Bruxelles et délivrer la Belgique, Maison était parvenu à tromper le Duc de Weimar sur ses projets ; mais, pour regagner Lille, il lui fallait en outre échapper à la surveillance de Thielmann qui avait pris position à Audenarde. Si Thielmann, avec 12 000 hommes, allait se placer sur la route de Courtrai, droit entre la Lys et l’Escaut, appuyant ses deux ailes à ces deux cours d’eau ; si en même temps les troupes concentrées à Alost venaient se poster à proximité de Gand, sur la chaussée de Bruxelles, dans le rentrant que forme l’Escaut ; si enfin Graham détachait à Termonde quelques-uns des régimens employés à l’investissement

  1. Opérations du 3e corps d’armée allemand sous les ordres du Duc de Weimar en 1814 : Relation de Plotho.
  2. Historique des opérations du 1er corps d’armée en Belgique, pendant l’année 1814.