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mais n’en comprenait pas moins qu’ayant devant soi un ennemi très supérieur en nombre, il ne pourrait rien tenter de sérieux avec sa petite armée, tant qu’elle resterait privée de la division Roguet. Dès longtemps, le général en chef avait engagé Carnot, gouverneur d’Anvers, à tenir cette division sur Beveren et Saint-Nicolas, afin qu’elle fût toujours prête à rejoindre le 1er corps aux environs de Gand. Bientôt informé que Weimar attaquait Maubeuge et persuadé que ce général emmenait avec lui la principale portion de son armée dont, par suite, il avait dû laisser la droite considérablement affaiblie, assuré d’autre part que les braves gens qui gardaient Maubeuge opposeraient à l’ennemi une solide résistance, Maison crut le moment venu de marcher sur Gand, non point seulement pour opérer une diversion, mais surtout pour opérer enfin sa jonction avec la garnison d’Anvers[1]. Le général en chef se proposait de surprendre tout d’abord Courtrai, puis de pousser droit sur Gand, en exécutant ainsi devant l’ennemi une marche de flanc le long de la Lys. Prévenant Carnot de ses projets, faisant répandre par la ville que le 1er corps allait rejoindre la Grande Armée, Maison prit aussitôt ses dispositions pour sortir de Lille avec toutes ses troupes.)


VIII

Maison sortit de Lille à la tête du 1er corps, le 25 mars au matin. Après avoir délogé de Menin le major Hellvig, qui opéra sa retraite dans la direction d’Audenarde, il s’établit à Courtrai, poussant ses avant-postes sur la route de Gand jusqu’à Vive-Saint-Eloi. Mais pour faire croire à Hellvig qu’il se proposait de marcher comme précédemment sur Audenarde, le général en chef détacha vers l’Escaut la brigade Penne, de la division Solignac, brigade qui alla prendre position à Peteghem avec une portion de la cavalerie et quelques pièces d’artillerie légère. Le lendemain, la brigade Penne se replia pour venir former l’avant-garde de l’armée qui dès l’aube quitta Courtrai, surprit à Deynze les éclaireurs ennemis et arriva sous les murs de Gand à deux heures de l’après-midi. 200 cosaques aux ordres

  1. Historique des opérations du 1er corps d’armée en Belgique pendant l’année 1814 : Annotations du général Maison.