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mesure d’observer les opérations de l’ennemi, plus à même aussi de secourir celles des places qui se verraient menacées, il abandonna les positions de Roubaix et de Tourcoing, et resserra ses troupes autour de Lille. Le 1er  corps venait à peine de terminer ce mouvement quand, le 21 mars, Thielmann, qui occupait Tournai, se décida à faire attaquer Lille. Tandis qu’un détachement ennemi, porté vers le Quesnoy-sur-Deule, allait jusqu’à Pont-Rouge reconnaître le poste que Maison y avait laissé pour maintenir ses communications avec Ypres, une forte colonne passait la Marque sur trois points à la fois et repoussait les avant-postes de la division Barrois vers Hellemmes et Lezennes, villages occupés par cette division. Pendant que Barrois réunissait ses troupes à Hellemmes et faisait tête à l’ennemi, dans Lille les canonniers bourgeois couraient à leurs pièces et les gardes nationaux prenaient les armes. Laissant aux Lillois, qui d’ailleurs se présentèrent fort bien, la garde des remparts, et sortant alors de la place avec les troupes de la garnison, la division Solignac et le gros de la cavalerie, Maison se porta sur Sainghin, menaçant ainsi le flanc gauche et les derrières de l’ennemi. Rejetés par Barrois sur Tressin et sur Austaing et par Maison sur Bouvines, les alliés se retirèrent derrière la Marque, cherchant à y prendre position. Mais passant à leur tour cette rivière et culbutant l’ennemi, nos troupes le poursuivirent au-delà de Tressin jusqu’à Baisieux, au-delà de Bouvines jusqu’à Cysoing. Si la nuit ne fût venue, elles l’auraient sans doute ramené jusqu’à Tournai, malgré le mauvais état d’un terrain rendu mou par le dégel.

Le même jour, dans l’intention de s’établir entre Maison et les places de l’ancienne frontière, Thielmann s’était avancé jusqu’à Orchies, d’où il avait poussé un gros détachement vers Pont-à-Marcq. Un bataillon du 75e de ligne, muni de 2 canons, et 200 cavaliers, qui défendaient ce village, avaient contenu, durant quatre heures, puis repoussé jusqu’à Capelle le détachement ennemi fort de 2 000 hommes et de 7 bouches à feu. Ce fut seulement dans la soirée, et après avoir repassé la Marque, que Maison apprit le mouvement opéré par les alliés vers Orchies. Il ne pouvait plus songer alors à se porter sur les derrières de Thielmann qui, à la nouvelle de l’échec subi par ses troupes devant Lille, s’était lui aussi replié sur Tournai.

Maison pouvait assurément se montrer satisfait de ses soldats,