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montrer en Flandre et en Artois. Les émissaires de ce parti comptaient détacher aisément Maison de la cause impériale et s’assurer par ce moyen le concours d’une petite armée. Le Comte de Provence fit donc offrir au général « le bâton de maréchal, le gouvernement à vie des places de Belgique et un établissement proportionné à cette haute fortune. » Maison dédaigna ces avances tout comme il repoussa les propositions de Bernadotte, car il sentait bien que la cause de l’Empereur restait encore celle de la France[1].

Pendant ce temps le duc de Weimar augmentait notablement les forces de son corps d’armée. Le général de Thielmann lui avait amené de Bruxelles 7 000 fantassins et un nombre égal de recrues pour l’infanterie et la cavalerie saxonne. Non compris divers détachemens isolés, le 3e corps allemand se composait dès lors de 18 000 hommes, 1 000 chevaux et 3 batteries et demie. En ajoutant à ces forces les troupes de Borstell ainsi que celles du major Hellvig et du colonel Bichalov, Weimar disposait donc de 27 000 baïonnettes, 3 100 sabres et 41 bouches à feu[2]. Avec les forces maintenant réunies sous ses ordres, le Duc de Weimar ne pouvait, sans manquer aux vrais principes de la guerre, demeurer plus longtemps immobile à Tournai. Tout en laissant devant Lille les troupes nécessaires pour surveiller Maison, il devait chercher à s’emparer des places qui gênaient ses communications avec l’armée de Silésie, et notamment de Maubeuge, car, tant que les alliés ne seraient pas maîtres de cette ville, ils resteraient obligés, pour la contourner, d’utiliser des routes secondaires que le dégel allait rendre impraticables. Dans la nécessité où il se trouvait de suppléer à l’insuffisance de son matériel de siège par un outillage de fortune, le Duc de Weimar voulut tenter de prendre Maubeuge par surprise. Après avoir confié à Thielmann le soin de garder Tournai et de contenir Maison, Weimar résolut de diriger sur Mons la portion principale de son armée. Transférant son quartier général à Fontaine, il mit ses troupes en marche le 17 mars.

  1. Discours prononcé à la Chambre des pairs dans la séance du 22 mars 1842, par le duc Victor de Broglie à l’occasion du décès de M. le maréchal marquis Maison.
  2. Opérations du 3e corps allemand sous les ordres du Duc de Weimar en 1814. Relation de Plotho.