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Maison se préoccupait alors avec juste raison du mouvement que le colonel de Geismar poursuivait audacieusement de Courtrai vers Cassel et Hazebrouck, répandant sur sa route des proclamations en faveur des Bourbons. Déjà le général en chef avait fait occuper Tourcoing par Henry et lancé Saunier avec sa colonne mobile dans la direction de Cassel pour surveiller Geismar. Mais Henry, attaqué à Tourcoing, avait dû se replier en deçà de la Marque. D’ailleurs Maison ne pouvait plus compter sur ce général qui venait de recevoir l’ordre de mener sa colonne de gendarmerie dans l’Ouest de la France où un mouvement insurrectionnel se faisait sentir. Quant à Saunier, il ne parvenait point à franchir la Lys. Par suite, pour tâcher de pénétrer les projets de Geismar et pour se mettre en mesure d’exécuter les volontés de l’Empereur, Maison réunit à Bailleul une forte colonne, dont il confia la direction au général Solignac, commandant la place de Lille, ayant sous lui les généraux Penne et Saunier. En même temps, il faisait occuper Armentières et postait au Quesnoy-sur-Deule une brigade de la division Barrois. Enfin des cavaliers furent envoyés en reconnaissance au Sud de la ville, vers Orchies, Marchiennes et Saint-Amand.

Maison avait prescrit à Solignac de pousser des détachemens dans la direction de Cassel et d’Hazebrouck, afin d’éloigner les partis ennemis répandus dans un pays très coupé, tandis que Penne s’attacherait aux pas de Geismar. Mais, comme il fut bientôt avéré que, après avoir passé la Lys entre Aire et Saint-Venant, le colonel russe filait sur Saint-Pol et Doullens, Penne reçut l’ordre de cesser sa poursuite et de se replier sur Armentières, pendant que Saunier continuait à s’éclairer sur Hazebrouck et maintenait les communications avec Ypres en vue d’une action prochaine.

En effet, dans la matinée du 23 février, le général Solignac, à la tête d’une colonne mobile, se porta sur Ypres. Il entra dans la ville dont il sortit presque aussitôt, après en avoir renforcé d’un bataillon la garnison et après avoir pris les mesures nécessaires à y assurer la tranquillité. Ce même jour, le général Castex se portait en reconnaissance au Nord de Lille et s’avançait au-delà de Mouveaux, cherchant à se procurer des renseignemens sur les mouvemens de l’ennemi aux alentours de Tourcoing. La petite armée de Maison ne s’enfermait donc point