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les garnisons des places du Nord, soit en y faisant passer des renforts, soit en y faisant suppléer par les cohortes de gardes nationales urbaines jointes à leurs compagnies de canonniers, et lui prescrivant de s’entendre avec les commissaires extraordinaires envoyés dans les 16e et 24e divisions militaires, ainsi qu’avec les préfets, pour porter au complet l’approvisionnement de ces places. Mais l’organisation des gardes nationales ne se présentait pas comme une opération facile. Si le général Noury avait réussi à constituer quelques compagnies de canonniers, le général Penne ne parvenait point à créer les cohortes urbaines qui n’existaient pas et ne voulaient pas se former. Le général Travers signalait que, à Condé, la bourgeoisie n’était pas portée de bonne volonté pour le service. A Valenciennes, à Douai, les habitans se disaient décidés à ne point souffrir un siège. A Ypres, les bourgeois enclouaient les canons et jetaient les boulets dans l’eau. En général, l’esprit public était mauvais ou froid, et peut-être plus encore dans le Nord qu’en Belgique. « Je n’y reconnais pas de vieux Français, » écrivait douloureusement Maison[1].


IV

Cependant la plus grande partie des troupes alliées qui avaient envahi la Belgique poursuivaient leur marche vers l’intérieur de la France. Laissant à Liège une forte garnison, Wintzingerode gagnait Avesnes, que le gros de son armée, évalué à 30 000 hommes, traversait du 9 au 13 février, tandis que la portion principale du corps de Bulow dépassait Mons, où ce général s’établissait le 16. Mais, avant de quitter Bruxelles, Bulow, confiant aux-Anglais et aux Hollandais le soin de masquer Anvers, avait lancé à la poursuite de Maison divers détachemens réunis sous les ordres du Duc de Saxe-Weimar. D’autre part, l’armée suédoise, devenue disponible par suite de la paix conclue entre la Suède et le Danemark, ne pouvait tarder à entrer en ligne, et, en effet, le 14, on signalait la présence du Prince royal à Dusseldorf. Enfin, le gouvernement provisoire récemment constitué à Bruxelles, décrétait la formation de troupes belges.

  1. Maison au ministre, 12 février 1814. — Archives historiques de la Guerre.