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et Lille. Mais il lui serait impossible de jeter alors des garnisons partout, Maubeuge, le Quesnoy, Landrecies auraient à en recevoir d’autre part. Il fallait par suite hâter la formation des gardes nationales. Pour constituer les différens services et organiser ces milices, Maison avait détaché dans les places les généraux Noury et de Maureillan, commandant l’un l’artillerie, l’autre le génie du 1er corps, et le général Penne, désigné pour y prendre le commandement d’une brigade.

Pensant que l’inspecteur d’artillerie en résidence à Lille devait s’occuper spécialement de Lille et de Douai, Maison avait prescrit à Maureillan de visiter plus particulièrement les autres places. Cet officier général lui en rendit « le compte le plus alarmant. » Elles se trouvaient presque toutes « hors d’état de résister, » soit parce qu’elles manquaient de poudre, soit à cause de l’insuffisance de leur armement[1]. D’autre part, Penne avait été chargé par Maison de passer une revue des dépôts stationnés dans le Nord, puis d’en former des bataillons qui se réuniraient à Mons pour renforcer le 1er corps. En effet, le général Brenier, commandant à Lille la 16e division militaire, venait d’informer le général en chef qu’il ne parvenait à former aucun des bataillons antérieurement annoncés par lui et que plusieurs de ces bataillons n’avaient même pas reçu les conscrits qui leur étaient destinés[2].

Préoccupé par les fâcheux rapports de Maureillan et de Brenier, Maison, redisant au ministre combien il devenait instant de prendre toutes les mesures pour la mise en état des places, lui avait écrit de Bruxelles : « J’ai envoyé des officiers généraux d’artillerie, du génie et d’infanterie dans ces places pour y organiser les différens services ainsi que la garde nationale. Malheureusement, il n’y a point d’armes à donner aux citoyens et Votre Excellence sait que je n’ai point assez de troupes pour jeter des garnisons partout. Les places de Maubeuge et du Quesnoy me paraissent devoir surtout fixer l’attention, le mouvement de l’ennemi sur la Sambre les mettant plus en danger que toute autre. Je ferai tout ce que je pourrai pour ces places, mais mes moyens ne peuvent suffire à toutes. Si le 1er corps eût été formé, comme il devait l’être, ou si le duc de Tarente n’eût pas eu une destination qui l’a éloigné de sa ligne

  1. Maison au ministre, 29 janvier 18H. — Archives historiques de la Guerre.
  2. Id, ibid.