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Lefebvre-Desnoëttes, dont aucune n’appartenait à ce corps d’armée.

Si la garnison d’Anvers avait été par elle-même suffisante à défendre cette place, et si le 1er corps avait été organisé, Maison se serait porté avec les troupes de ce corps et la division Roguet, d’abord sur les Nèthes, ensuite sur le Démer. A ne pas défendre les Nèthes et le Démer, la Belgique était perdue, car, ces lignes une fois abandonnées, aucune autre ne s’offrait jusqu’à la ligne des places de l’ancienne frontière. Mais, avec les faibles moyens dont il disposait, le général en chef devait toujours rester à même de resserrer sur Anvers les quelques bataillons du 1er corps nécessaires à en compléter la garnison, de façon à pouvoir maintenir l’ennemi à distance et l’empêcher de brûler la flotte et les chantiers. En effet, le 11 janvier, Bulow attaquait Roguet à Hoogstraeten et le refoulait sous Anvers, puis il s’avançait, le 13, jusqu’à Wyneghem. Mais, soupçonnant que Maison, qui avait appelé de Bruxelles à Lierre la division Barrois, allait se jeter sur ses derrières, Bulow se retira la nuit même vers Bréda.

La précipitation avec laquelle Bulow venait de lever le siège faisait disparaître toute inquiétude relativement à un retour immédiat des alliés devant Anvers. Cependant Maison ne voulut point tenter de poursuivre à travers les bruyères de la Flandre et par de mauvais chemins un ennemi que la promptitude de sa retraite rendait difficile à entamer. Il semblait du reste vraisemblable que Bulow se disposait à suivre son plan d’invasion et qu’il allait combiner son mouvement avec les Russes qui marchaient par Eindhoven sur Maestricht, cherchant à couper Macdonald et à gagner Bruxelles par Louvain. Maison résolut donc de se porter sur Louvain, dans l’intention de se lier par sa droite au corps du duc de Tarente, dont un détachement de cavalerie occupait Hasselt.

Cependant Macdonald qui, pressé de toutes parts, s’était retiré lentement sur Liège, recevait l’ordre de gagner au plus tôt les Ardennes. A Liège, les autorités civiles s’émeuvent en apprenant le prochain départ des troupes. Le comte de Péluse, commissaire extraordinaire, prescrit au baron de Micoud, préfet de l’Ourthe, d’évacuer le département. Micoud veut enlever les papiers de la préfecture et ceux des diverses administrations, mais il manque de force armée pour appuyer ses réquisitions ! Il réunit pourtant deux cents voitures à peine suffisantes pour