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Si le 1er et le 13e corps de la Grande Armée eussent été disponibles, les 70 000 hommes dont ils se composaient auraient suffi sans aucun doute à nous maintenir en possession de la Hollande et de la Belgique. Mais le 1er corps avait été fait prisonnier à Dresde et le 13e s’était vu rejeté sous Hambourg. Comme les dépôts des régimens formant ces deux corps d’armée tenaient garnison en Belgique, l’Empereur avait prescrit, dès le commencement de novembre, la reconstitution du 1er corps à l’aide de ces dépôts, que devait, dans sa pensée, fortifier prochainement l’arrivée des conscrits, tandis que d’autres conscrits, des douaniers et des marins assureraient la défense des places. Le général Decaen fut désigné pour prendre le commandement de cette armée. Toutefois, les levées ne donnèrent pas les résultats qu’on en attendait. Decaen, ne pouvant suffire à tout et soucieux de sauvegarder le grand arsenal d’Anvers plus encore que de défendre la Belgique, avait dû, faute de troupes, abandonner les îles des bouches de l’Escaut et évacuer Bréda, ainsi que Willemstad. Mécontent de Decaen, Napoléon retira le commandement du 1er corps à cet excellent soldat. Pour remplacer Decaen, l’Empereur choisit le général Maison, dont il avait apprécié la valeur en Russie et en Saxe et auquel il destinait un bâton de maréchal.

Nommé commandant du 1er corps par décret du 21 décembre 1813, Maison arriva à Anvers le 25. La 24e division militaire était placée sous ses ordres, ainsi que la division de cavalerie de la garde Lefebvre-Desnoëttes et les deux divisions de jeune garde Barrois et Roguet. En outre, ses instructions l’informaient qu’à tout événement il était lui-même subordonné au maréchal Macdonald, chargé de surveiller le Rhin de Coblentz à Arnhem avec les débris du 11e corps d’armée et du 2e corps de cavalerie. Le 1er corps, auquel Anvers était assigné comme point de rassemblement, devait être constitué à trois divisions ; mais pour compléter la garnison d’Anvers, celles des places et forts qui en dépendaient, Maison dut leur abandonner les 7 000 hommes arrivés à destination du 1er corps, alors que par ailleurs les plus sérieuses difficultés en retardaient l’organisation, car les dépôts, qui attendaient 16 000 recrues, n’en avaient encore reçu, à la date du 28 décembre, que 6 500. Il ne restait donc à Maison, pour tenir la campagne, que les divisions d’infanterie Barrois et Roguet, et la division de cavalerie