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AUTOUR DE MARIE-ANTOINETTE[1]

Partis de Paris dans la nuit du 20 au 21 juin 1791, Louis XVI et sa famille étaient arrêtés à Varennes quelques heures plus tard, à travers des péripéties qui appartiennent à l’Histoire et qui sont trop connues pour qu’il y ait lieu de les raconter ici. Rappelons seulement qu’à la nouvelle de l’arrestation, l’Assemblée constituante s’empressait de désigner trois de ses membres pour se porter à la rencontre des fugitifs dont le voyage avait été si dramatiquement interrompu et donner à leur retour dans la capitale les apparences de la légalité. Les commissaires choisis à cet effet furent le général de La Tour-Maubourg qui siégeait dans le parti constitutionnel, Pétion le maire de Paris connu par l’ardeur de ses opinions républicaines, et enfin Barnave, le célèbre ami de Mme Roland, esprit modéré qui avait vu dans la Révolution un moyen de donner à la France une constitution monarchique à l’image de celle de l’Angleterre. On leur adjoignit le maréchal de camp Mathieu Dumas comme commandant de la force armée qui devait escorter les voyageurs.

Ces envoyés les rencontrèrent le 23 juin entre Château-Thierry et Châlons-sur-Marne. Ils mirent pied à terre, et Barnave,

  1. Marie-Antoinette, Fersen et Barnave, leur correspondance, par M. O.-G. de Heidenstam, 1 vol. in-18 ; Calmann-Lévy, éditeurs. — Les lettres utilisées dans ce volume voient le jour pour la première fois. Elles sont extraites des Archives du château de Löfstad en Suède appartenant à la comtesse Emilie Piper, petite-nièce du comte Axel de Fersen. Elles y forment deux dossiers, l’un portant la mention : Correspondance politique de la Reine, l’autre contenant les lettres de Fersen à sa sœur la comtesse Sophie Piper durant ses absences à l’étranger : l’authenticité de ces documens autographes ne saurait être mise en doute.