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qui lui aussi est un habile écrivain, les recherches les plus curieuses d’une science aimable et profonde, faite de précision, de sincérité et d’ingéniosité, acquise sur la terre de Provence, au chant des cigales, et dont le charme, la bonhomie, la simplicité apparaissent comme un hymne au Créateur. Par la connaissance des infiniment petits, lui aussi aura rendu possible la lutte contre les insectes nuisibles.

Cette lutte poursuivie par les savans français, et surtout par les élèves et disciples de Pasteur, elle a été retracée, — dans la cérémonie du 15 novembre dernier, à propos du vingt-cinquième anniversaire de la fondation de l’Institut Pasteur, — par le continuateur de la pensée du maître, génial et bon, dont le nom couronne et résume le siècle scientilique, par le docteur Roux, en un discours aussi simple que puissant. Par son élévation et sa portée, il consolait de tant d’autres discours creux, vides et malfaisans ; il rappelait tous ces admirables travaux : découverte des toxines microbiennes, sérums contre la diphtérie, le tétanos, les poisons de l’organisme, antimicrobiens du charbon, de la dysenterie, recherches sur la genèse du cancer ; de la peste, de la fièvre jaune, sur la tuberculose, l’épuration des eaux d’égout... etc. qui ont permis d’organiser l’hygiène publique non seulement sur le territoire de la mère patrie, mais au service des indigènes et des colons, multiplié les dévouemens aux colonies, dans les instituts bactériologiques de Brazzaville, de Saigon, de N’Ha Thang, partout où nos bataillons vont planter le drapeau national, missionnaires, médecins et soldats rivalisant de courage et de dévouement. A tous ces jeunes gens que le service militaire groupe désormais pour trois ans sous les drapeaux, quels exemples plus beaux, plus sublimes pourrait-on citer dans aucun temps que ceux évoqués dans les Épopées africaines[1] et A travers l’Afrique[2], du colonel Baratier, où tant de héros obscurs bravent les maladies et la mort avec un courage stoïque, la conscience de l’honneur dans la confraternité d’armes, et surtout ce sentiment d’humanité, cet enthousiasme généreux, caractéristiques de notre race, qui attachent si étroitement à la France, par une union indéfectible, ceux qui ont souffert et prospéré avec elle dans une longue et ferme collaboration des cœurs et que l’infortune du sort en a cruellement séparés.


J. BERTRAND

  1. Perrin.
  2. Perrin.