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REVUES ÉTRANGÈRES

UN AMOUR DU JEUNE MOZART

Vers le milieu de janvier 1778, Wolfgang Mozart, tout juste âgé de vingt-deux ans, se trouvait avec sa mère à Mannheim, qui avait été jusqu’alors, comme l’on sait, la résidence de l’Électeur Palatin. Méconnu et humilié en toute façon par le nouvel archevêque de Salzbourg, le jeune homme avait quitté sa patrie avec la joyeuse espérance de n’y jamais revenir. L’objet dernier de son voyage était Paris, où la fidèle amitié de l’incomparable « baron » Melchior Grimm, — protecteur attitré des deux « enfans prodiges » salzbourgeois quinze ans auparavant, — ne pourrait manquer de lui assurer la plus brillante fortune musicale ; mais c’était chose convenue, entre son père et lui, qu’il profiterait de ses arrêts dans les diverses capitales du Sud de l’Allemagne pour essayer d’y obtenir quelque solide emploi de maître de chapelle. Malheureusement, l’essai avait échoué déjà à Munich, où les deux voyageurs avaient perdu plusieurs semaines en démarches inutiles ; de Stuttgard, de Mayence, de Bonn, ils avaient appris l’impossibilité pour Wolfgang de s’y procurer la moindre place un peu digne de lui ; et il n’y avait pas jusqu’à leur cher Mannheim qui maintenant ne leur eût apporté, à son tour, une amère déception. Après avoir paru tout d’abord s’intéresser vivement au talent du jeune Mozart, l’Électeur Charles-Théodore avait fini par lui signifier qu’il ne voyait nul moyen de l’admettre dans une « chapelle » beaucoup trop encombrée. De telle sorte que, décidément, il s’agissait de partir au plus vite vers Paris.

Mais, aussi bien, le hasard venait-il d’offrir à Wolfgang une occasion