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REVUE DRAMATIQUE


Variétés : Institut de beauté, comédie en trois actes par M. Alfred Capus. — Odéon : Rachel, pièce en cinq actes par M. Gustave Grillet. — Gymnase : reprise de Samson de M. Henry Bernstein, — Comédie-Française : reprise de la Marche nuptiale de M. Henry Bataille.


La nouvelle comédie de M. Alfred Capus est une des plus gracieuses qu’il ait écrites, une de celles qui donnent le mieux la note de ce charmant esprit, et, je dirais volontiers, qui ressemblent le plus à leur auteur. Ceux qui demandent avant tout à une pièce de théâtre d’être du théâtre et de soutenir l’intérêt de curiosité par une action solidement charpentée, seront déçus, cela va sans dire. Mais est-ce ce genre de mérite que nous sommes habitués à attendre de M. Capus, et son originalité n’est-elle pas ailleurs ? On a souvent parlé de sa philosophie et le mot m’a toujours paru un peu gros. Mais que M. Capus soit un moraliste, c’est-à-dire un observateur et un peintre de nos mœurs, et qu’il soit l’un des mieux avertis et des plus avisés, il suffirait, pour s’en convaincre, de feuilleter le volume qu’il vient de publier : les Mœurs du temps. C’est un recueil de chroniques écrites au jour le jour, et qui vont de la Guerre des Balkans à la Cour d’Assises, du Parlement à la Comédie-Française, saisissant au vol l’actualité pour nous offrir un mouvant et fugitif tableau de la vie contemporaine. Un chroniqueur est forcément un satiriste : la manière de M. Capus dans la satire se définit tout à la fois par la justesse et par îa légèreté du trait. Comme il connaît admirablement notre société parisienne, dans ses coulisses, dans ses dessous, et, si j’ose dire, « dans les coins, » sa critique ne s’égare pas et il met tout de suite le doigt sur le point faible. Mais il n’insiste pas et surtout ne s’indigne pas. Non du tout qu’il fasse profession de scepticisme, mais, d’après