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à peu près égal. Il avait eu l’idée d’organiser, à Paris, une poste d’environ 100 chevaux, — « capitaine de cent chevaux légers, » comme il s’appelait en riant, — loués 10 francs par jours aux Français et 12 fr. 50 aux étrangers. Il s’enrichit fort à ce trafic, « car, dit Brantôme, il n’y avait pour lors nulles coches de voiture, ni chevaux de relai comme pour le jourd’hui, ni de louage que fort peu. » D’après un état de 1584, il existait 241 a maisons de postes, où devaient se trouver toujours 2 chevaux et 2 hommes pour porter le service du Roi. » Ce n’était guère et l’on voit un édit de 1625 insister pour qu’il fût établi des relais espacés de 4 en 4 lieues, ce qui n’advint que plus tard et fort lentement.

Les chevaux manquaient au début du règne de Henri IV : « Nos sujets ne peuvent vaquer à leurs affaires, dit un document de 1597, sinon en prenant la poste, qui leur vient à excessive dépense, ou les coches, qui ne peuvent être établis partout et sont d’ailleurs si incommodes que peu de personnes veulent s’en servir... » Or courir la poste à franc étrier n’était pas jugé non plus très confortable.

Ce fut une date dans l’histoire des transports (1665) que l’invention de la « chaise, » ou mieux du fauteuil à deux roues, porté sur un châssis, auquel les gens délicats et opulens purent atteler, sinon les bidets réservés aux cavaliers, du moins des malliers de plus forte espèce. Cette idée surprit tout le monde par sa nouveauté. Elle appartenait au marquis de Crenan, grand échanson, qui en tira bon parti en vendant, — 1 000 francs la pièce, — ou en louant, à tant le kilomètre, les véhicules qu’il avait fait construire. Très vite il fut dépassé ; à la « chaise de Crenan » succéda le « soufflet » à deux places. Puisqu’on courait la poste en voiture, pourquoi ne pas la courir à deux ? L’autorité intervint : défense formelle de se mettre deux dans un « soufflet, » ce qui « causerait la destruction des chevaux et la ruine des postes. »

La clientèle aristocratique n’en tint compte ; bien mieux, elle eut « la folie » de remplacer la chaise à deux roues par une berline. Pareil désordre pouvait-il être toléré ? » Depuis quelque temps, dit une ordonnance royale de 1708, plusieurs particuliers ont introduit l’abus de faire atteler à des voilures à quatre roues, dites berlines, 4 chevaux de poste avec lesquels ils prétendent faire la même diligence que dans les chaises à