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J’ai voulu l’introduire dans les débats de cette Assemblée. Je crois qu’elle y avait sa place. (Très bien ! très bien ! au centre et à droite.)

J’ai dit que, sur les églises, la pensée gouvernementale me paraissait encore en formation ; c’est trop évident et c’est bien naturel. Nous sommes en présence d’une situation nouvelle. Vous n’avez pas réglé l’avenir des églises, vous n’avez pas assuré leur sécurité. Vous le sentez bien, et M. le président du Conseil mieux que personne. Sa solidité politique, son titre le plus réel, sa raison d’être, c’est d’avoir fait la loi de Séparation. Eh bien ! cette loi de Séparation, elle n’est pas vraiment faite. Elle n’est pas faite, tant qu’elle n’est pas réglée pratiquement dans toutes ses parties.

Nous venons de voir, hier, dans les mouvemens de l’Assemblée, et ce matin, dans le discours de M. Briand, la pensée gouvernementale se dessiner. J’ai idée qu’après tout, nous pouvons nous entendre, d’une manière assez vraie, même avec le plus grand nombre de nos adversaires habituels, dans un sentiment de bonne volonté à l’endroit des églises. (Très bien ! très bien ! au centre et à droite.) C’est quelque chose, cette bonne volonté. Il s’agit de maintenir ce foyer de sentimens, cet élément de culture spirituelle, ce point de ralliement qu’est le clocher. Ne pas mettre d’obstacle à ce qu’il dure, ne rien faire contre ce petit îlot qui pose au milieu du village un secours, une force et qui arrache les gens à leurs considérations vulgaires, voilà ce que l’on est en droit d’obtenir des esprits les moins religieux. Nous l’obtiendrons.

Certes, à cette défense des églises, il faudra revenir bien des fois. C’est successivement que nous en traiterons les divers aspects. Et c’est après avoir fait comprendre et sentir le péril dans lequel la loi de Séparation a jeté notre admirable, notre immense floraison d’églises, que nous pourrons, appuyés sur toute l’opinion, obtenir des hommes politiques certaines garanties. Dès maintenant, il est de la plus grande importance que je vous rappelle un fait, un simple fait. Vous avez admis, un jour, la création d’un fonds de secours pour les municipalités qui ne seraient pas à même de faire les dépenses nécessaires en faveur des églises. Il y a eu des promesses. M. Caillaux a même élaboré un projet.

Pourquoi avoir reculé ? Nous sommes d’accord qu’il y a lieu