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le plus grand nombre des villes et villages les conseils municipaux, reconnaissant à l’église le caractère de propriété communale que lui a donné la loi, cherchent à la maintenir, comme les autres édifices communaux, dans la mesure de leurs ressources. Mais cette bonne volonté, que je salue, n’est pas unanime. Sur un grand nombre de points, l’église est entourée de partis pris d’ordre politique, dangereux pour elle et qui s’échelonnent par degrés depuis l’inertie et l’immobilité peu bienveillantes jusqu’à l’agression ardente.

Cet immense détail, quel qu’en soit l’intérêt, il n’est pas possible que je l’apporte à la tribune. Du moins les diverses situations sur lesquelles je désire appeler votre attention, je puis les classer dans un petit nombre de catégories, et de chacune de celles-ci je vous donnerai des exemples typiques. Je ne vous citerai qu’une dizaine de cas, mais veuillez vous rappeler, messieurs, qu’ils en représentent des centaines que j’ai là dans mon dossier.

Le premier groupe que je veux vous signaler, c’est celui des municipalités qui, sans prétexte valable, se refusent à rien dépenser pour maintenir l’église devenue leur propriété. De cette catégorie, je ne peux pas donner un meilleur exemple que la commune de Lignières, dans l’Aube.

A Lignières, le maire a fait fermer l’église, sous prétexte que la sécurité n’y était pas suffisamment assurée. Malgré de pressantes instances depuis quatre années, la municipalité ne veut rien faire. Et pourtant, de par la loi de séparation, cette commune s’est enrichie d’une somme considérable de quinze mille francs qui appartenait à la fabrique et qui rapporte environ trois cent soixante-trois francs avec lesquels on pourrait parer au mal.

Il est d’autres communes où les catholiques s’offrent à faire une partie des dépenses et se bornent à demander au conseil municipal qu’il fournisse l’appoint nécessaire pour sauver l’édifice devenu propriété municipale. Croirait-on que de nombreuses municipalités se refusent à cette collaboration ? A Souvigné, dans le département des Deux-Sèvres, le conseil municipal avait résolu de détruire le clocher. « Eh bien ! dirent les fidèles, pour cette besogne stérile, pour cette destruction, vous allez dépenser de l’argent. Permettez-nous de compléter de notre poche la somme que vous êtes prêts à sacrifier ; nous