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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




La Chambre a eu le bon esprit de ne pas recommencer, à propos de la loi électorale, une discussion où tout a été dit et redit depuis longtemps et qui est vraiment épuisée. Le débat a été court, on est allé droit au fait, et le nouveau projet a été voté à une grande majorité. C’est M. Lefèvre qui en a fourni le texte sous forme d’amendement. Il nous conduit loin du scrutin de liste avec représentation proportionnelle, tel qu’il avait été présenté au début de la campagne par les partisans de la réforme. M. Charles Benoist ne reconnaît certainement plus son enfant ; il se résigne toutefois à adopter celui qu’on lui présente ; la résignation, à force de lassitude, est souvent la fin dernière des discussions parlementaires. L’amendement de M. Lefèvre est d'ailleurs très simple. Il rétablit le second tour de scrutin, ce qu’on ne saurait trop déplorer, car la suppression de ce second tour était une des meilleures conséquences de la réforme ; mais il en fallait deux pour qu’on pût, dans le premier, donner satisfaction aux partisans de la représentation proportionnelle fondée sur le quotient, et aux partisans du système majoritaire dans le second. C’est ce qu’a fait M. Lefèvre, sans que nous soyons sûr qu’il ait satisfait soit les uns, soit les autres. Maintenant la parole est au Sénat.

Les adversaires de la réforme, voyant qu’ils ne pouvaient plus en empêcher le vote, ont essayé de la rendre moins acceptable au parlement. Ils ont présenté un amendement d’après lequel le nombre des sièges affectés à chaque département, et par conséquent le quotient serait calculé non pas sur le nombre des habitans, mais sur celui des électeurs inscrits, et finalement celui des députés serait diminué de 77. Cet amendement, combattu avec beaucoup d’insistance parle gouvernement, n’en a pas moins été voté. M. le ministre de l’Intérieur a fort bien établi qu’en prenant pour base les électeurs inscrits, on