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nombre de rayons monochromatiques dont chacun est caractérisé par une longueur d’onde donnée, de l’ordre du dix-millième de millimètre. Il convenait donc, d’une part, de mesurer exactement la longueur d’onde choisie (on s’est arrêté, après beaucoup de discussions, à la longueur d’une certaine raie rouge du cadmium qui est remarquable par sa constance et sa finesse), puis de compter exactement le nombre des longueurs d’onde et de fractions de longueur d’onde de cette raie qui sont contenues dans la longueur du mètre étalon. Ces opérations ont été menées à bien, au moyen d’une méthode interférentielle imaginée par le physicien américain Michelson, complétée depuis par d’autres, et grâce surtout aux beaux travaux de M. Benoit, directeur du Bureau International des Poids et Mesures. Ces mesures ont permis de fixer à moins d’un dix-millionième près la valeur en longueurs d’onde lumineuses du mètre. Elles permettront à nos descendans de reconstituer toujours et facilement celui-ci,(quoi qu’il arrive, et de vérifier la permanence des étalons métalliques[1]. Enfin, depuis les beaux travaux de M. Ch.-Ed. Guillaume sur les aciers au nickel sans dilatation (aciers invar), on construit spécialement pour les opérations géodésiques des étalons de longueur faits de ce métal et qui ont une remarquable constance.

On a également étudié tout récemment et par des méthodes très précises la permanence des divers étalons nationaux du kilogramme. Sur seize kilogrammes comparés, douze n’avaient éprouvé aucune variation susceptible d’être mise en évidence par les meilleures pesées. La plus forte diminution constatée par l’usure a été de cinq centièmes de milligramme, ce qui n’est guère. Un seul kilogramme a présenté une anomalie. Il avait augmenté légèrement de poids pour une raison inconnue (d’environ 2 centièmes de milligramme). Mais le résultat essentiel et tout à-fait remarquable de ces mesures est qu’aucun des kilogrammes étudiés n’a subi de variations supérieures au cent-millionième de sa masse, ce qui démontre une permanence tout à fait remarquable de ces étalons.

Telles sont les données obtenues récemment par le Bureau International des Poids et Mesures, dans ce département de son activité qui n’est pas le moins utile et qui consiste à perfectionner sans cesse la

  1. Voici, à titre documentaire, le résultat définitif des mesures de MM. Benoît et Michelson, qui exprime à 15° et à la pression normale le nombre des longueurs d’onde de la raie rouge du cadmium contenue dans la longueur du Mètre international, et qui assure l’indestructibilité théorique de celui-ci. Ce nombre est 1 mètre = 1553 163,5.