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est notre profession de foi. » Je ne sais ce que fit Roland : rien, probablement. Montignac continua de lutter. Montignac envoya saisir à Terrasson les registres et papiers du greffe. Et le district écrivait à la municipalité de Terrasson : « Vous n’ignorez pas, citoyens, que les corps administratifs et municipaux ne doivent se mêler en rien de ce qui seul concerne l’ordre judiciaire... » Et que faisait donc ce district ?... « Vous êtes trop prudent et trop ami des lois pour mettre la moindre opposition à la remise de ces papiers absolument nécessaires pour le bien de la justice. »

On le voit, l’affaire est compliquée. Terrasson ne renonce pas au privilège qu’il tient de la Constituante. Montignac, en spéculant sur le principe de la souveraineté populaire, a fait une sorte de coup d’Etat. La loi est pour Terrasson ; le district est pour Montignac. Et en déférant la cause à la Convention le département n’arrange rien, la Convention ayant autre chose à faire.

C’est alors que le district eut recours à Joubert. Il n’était pas facile d’intéresser à une petite querelle de bourgades périgourdines les Conventionnels de Paris. Il était plus facile d’atteindre les commissaires de la Convention, Carnot, Garreau et Lamarque envoyés par elle aux frontières des Pyrénées et qui, pour lors, se trouvaient à Libourne. Joubert leur fut envoyé. Son entrevue avec les commissaires de la Convention nous est révélée par une lettre qu’il adressa, pour rendre compte de son effort, aux administrateurs du district : « Aux administrateurs composant le directoire du district, à Montignac-sur-Vézère. Citoyens administrateurs du district, vos réclamations et vos plaintes ont obtenu l’attention qui leur étoit due. Le reportement provisoire du tribunal à Montignac est maintenu par toute l’authorité des commissaires de la Convention et cette authorité est sans limites dans tout ce qui intéresse aussi essentiellement l’ordre public. Il est ordonné à la municipalité de Terrasson de rentrer dans ses bornes et de livrer les papiers du greffe au greffier, comme vous le verrez par l’arrêté cy-joint. Un libre cours est enfin rendu à la justice interrompue. Agréez, citoyens, que je me félicite de n’avoir pas été inutile aux efforts de votre zèle et de votre amour pour le bien général de mon pays. — J. Joubert président du tribunal de conciliation. Bordeaux, 1er de l’an 1793, an 2e de la R. F. — P. S. Les ordres des commissaires