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d’accepter résolument, et chrétiennement, le sacrifice qui m’est imposé. Je ne puis que subir ce sacrifice, au lieu de l’offrir au Seigneur, comme Lui et elle me le demandent également. Vous m’aiderez, n’est-ce pas, très chère Comtesse, par vos prières, à arriver au degré de résignation qui convient à un père chrétien... En attendant, gardez toujours le plus strict secret sur ce qui se passe, car, avec cette merveilleuse prudence qui la caractérise, Catherine dit qu’il y a une lune de miel dans la vie religieuse, comme dans la vie conjugale, et qu’après seulement viennent les langueurs, les tristesses, les mécomptes ; elle veut pouvoir traverser cette seconde phase en toute liberté, et tout en ayant commandé les dentelles de sa robe de noce, et en fixant à la fin de septembre l’époque de sa prise d’habit, elle insiste de plus en plus pour que personne ne sache où elle est, ni ce qu’elle fait maintenant. Très chère Comtesse, parlez-moi beaucoup de ce Sacré-Cœur contre lequel j’avais tant de préjugés. Ce que vous me dites de l’influence de cette société sur vous m’a on ne peut plus intéressé. S’il n’y a pas indiscrétion, dites-moi le nom de ces deux dames qui vous ont fait tant de bien ; peut-être ma fille sera-t-elle en relation avec elles, car j’imagine bien qu’on l’enverra à Rome, à cause de son oncle. Parlez-moi un peu plus de votre santé qui me semble dans un état peu rassurant. Mandez-moi surtout quels sont vos projets pour l’hiver prochain. Ecrivez-moi toujours à Paris, jusqu’à ce que je sois remisé pour l’arrière-saison à la Roche-en-Breny (Côte-d’Or). Adieu, et surtout merci, mille fois merci de votre tendre et pieuse sympathie.


La Roche-en-Breny, ce 19 octobre 1863.

Très chère Comtesse, et vraie amie, votre lettre du 8 septembre m’a peut-être fait plus de plaisir que toutes celles que vous m’avez écrites jusqu’ici, tant il m’est doux d’obtenir et surtout de mériter vos sympathies. Je craignais tant que mes discours de Malines ne vous eussent inquiétée, tant ils ont été mal rendus par la plupart des journaux qui s’en sont occupés, tant surtout ils ont été détournés de leur véritable sens par les calomnies et les insinuations perfides du Monde et de sa séquelle qui, sans en citer un seul mot, n’ont pas craint de dire que j’avais affligé tous les catholiques et n’avais été loué que par les libres penseurs. Je vous avais fait envoyer de Bruxelles le