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conçois très bien que cet état de votre santé soit pour vous une très lourde croix et je voudrais vous aider à la porter. Mais, hélas ! je ne puis que vous plaindre. Je voudrais tant vous revoir, mais où et comment ? Je ne sais plus qui a rapporté de Rome le bruit que vous deviez épouser le prince Aldobrandini ; puis la princesse Wittgenstein ou la duchesse de Galliera (l’une ou l’autre) m’a dit que c’était un vieux bruit probablement sans aucun fondement. Je ne connais pas personnellement le prince Aldobrandini ; mais toute cette famille Borghese a une bonne et belle attitude, et moi, dans mon égoïsme, j’aurais extrêmement désiré que ce mariage eût été vrai, car il vous aurait fixée à Rome, et là j’aurais eu tout autrement la chance de vous rencontrer qu’en Hongrie ou en Autriche, où je ne retournerai probablement jamais. Les élections et la vocation de Catherine m’ont empêché d’aller en Belgique ce printemps. J’irai peut-être à la grande assemblée catholique qui doit avoir lieu à Malines le 18 août et, en revenant de là en Franche-Comté à la fin d’août, j’aurais peut-être pu passer par le Rhin et m’arrêter à Ems, si vous y étiez encore. Mais vous n’y serez plus et d’ailleurs tout est incertain même pour moi, depuis ce bouleversement de notre intérieur. Adieu, chère Comtesse. Vous voyez à quel point je vous traite en vieille amie. Soyez tranquille. Je ne vous en écrirai pas si long une autre fois. Priez pour moi et soignez-vous.


Maiche (Doubs), ce 18 juillet 1863.

Ma chère Comtesse, ne m’attendez plus à Ems ; à mon très grand regret, il me sera impossible d’aller vous y rejoindre. Je me serais certainement arrangé pour répondre à votre appel, si j’avais pu, par un moyen quelconque, combiner ce voyage d’Ems avec deux autres voyages obligatoires qui vont m’être imposés cet été. Au 18 août, il faut que j’aille à Malines à la grande réunion catholique que le cardinal primat de Belgique y a convoquée. J’ai résisté longtemps, mais je sens que je dois céder aux appels réitérés qui me sont adressés, et aussi que je dois profiter de cette dernière occasion de parler à un auditoire nombreux, pour exprimer quelques avis dont l’urgence m’est démontrée. Si votre séjour à Ems s’était prolongé jusqu’à la mi-août ou jusqu’à la fin de ce mois, j’aurais certainement été vous voir, en allant ou en revenant de Malines. Mais aller