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M. Pelletan 68 : au dernier moment, M. Debierre s’est retiré. M. Caillaux a remercié le congrès de sa confiance et il M a fait enfin connaître ce programme minimum dont il avait parlé vaguement à la Dépêche de Toulouse. C’est celui d’un militant. A propos de la question scolaire : « En présence de faits que chacun sait, a dit M. Caillaux, l’heure n’est plus d’un verbalisme brillant qui cèle mal l’insuffisance d’action. A l’école menacée, à ses maîtres traqués, à l’œuvre de sécularisation suspendue et compromise, il faut mieux que l’éloquence des mots, la rigueur des actes. Le parti radical les attend, il les veut décisifs. » Sur l’impôt, sur l’armée, le langage de M. Caillaux a confirmé, en l’accentuant, celui qu’il avait déjà tenu. Néanmoins, et malgré tous les motifs, toutes les raisons sérieuses et profondes de divisions que ce programme doit maintenir et aggraver encore dans le pays, M. Caillaux continue de rêver et de parler d’un grand parti auquel il n’assigne pas de limites. « C’est la nation tout entière, dit-il, que nous entendons servir. Parti national nous sommes et nous entendons rester ; un grand parti qui se suffit à lui-même, qui, sans exclure aucun républicain, n"a besoin ni d’offrir ni de rechercher des alliances. » Ce dernier mot semble bien s’adresser à M. Combes, à M. Debierre, à M. Pelletan, à tous ceux qui recommandaient l’entente avec les socialistes, M. Caillaux estime fièrement qu’il peut se passer d’alliance : tant mieux pour lui, s’il ne se trompe pas.

En résumé, l’importance du congrès radical-socialiste est tout entière, cette année, dans le choix de M. Caillaux pour présider aux destinées prochaines du parti. Un grand effort va être fait pour le porter au ministère. Nous doutons qu’il réussisse; mais, même s’il ne réussit pas, le parti compte sur M. Caillaux pour diriger dans l’opposition la campagne électorale. Il est jeune, actif, hardi, sans préjugés d’aucune sorte et ne s’embarrasse de rien. Sera-t-il plus Adèle à ses nouveaux amis qu’il l’a été aux anciens ? Peu importe : le parti radical-socialiste vit au jour le jour, et il s’agit seulement pour lui de traverser un défdé difficile. M. Caillaux est un homme plein de ressources : iJ aidera le parti à traverser le défdé. C’est pour cela, et non pas pour son programme, qu’il a été élu à une si belle majorité. M. Pelletan peut continuer à célébrer les antiques vertus de ses pères, M. Combes à proférer des oracles, M. Debierre à fulminer des discours, tout cela ne fait plus d’effet : c’est le vieux jeu, M. Caillaux est le nouveau. Nous allons le voir à l’œuvre.


L’Orient balkanique continue d’être le pays des surprises ; la der-