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mais la partie finale importe seule. Que veut-elle dire ? Tout ce qu’on voudra. Si M. Caillaux revient un jour au pouvoir, il ne sera pas embarrassé par ses promesses d’aujourd’hui. La « rallonge » reste son emblème : il lui donnera la longueur qu’il voudra, ou qu’il faudra, suivant les occasions. Le procédé est plus savant que celui de M. Combes : en tout cas, personne ne dira que ce soit le même.

Il aurait été difficile, on en conviendra, de tirer l’horoscope du congrès de Pau d’après les paroles de ses parrains : l’intérêt n’en était que plus excité quand il s’est ouvert. De nombreux discours ont été prononcés : nous ne retiendrons que les plus importans. Le premier orateur a été M. Debierre ; il a été vraiment le porte-parole de M. Combes. Entre les interviews de Pons et le discours de M. Debierre, il n’y a eu d’autre différence que celle de l’accent. Aussi longtemps que l’orateur est resté dans des généralités, aussi longtemps surtout qu’il a dirigé contre le ministère les traits les plus acérés de son carquois, les applaudissemens lui ont été fidèles, mais on avait l’impression que tout cela n’était que remplissage et que l’auditoire attendait autre chose. La grosse question qu’on avait agitée avant le congrès était de savoir si, conformément à l’avis de M. Combes, il fallait faire cause commune avec les socialistes : c’est là-dessus qu’on désirait entendre les orateurs.

Disciple de M. Combes, M. Debierre était naturellement pour l’accord et il a développé la vieille affirmation que les radicaux ne devaient plus avoir d’ennemis à gauche. Dès qu’il l’a vu s’engager dans cette voie, le congrès l’a abandonné ; des murmures se sont élevés ; bientôt l’inattention est venue ; l’échec de M. Debierre a été complet. Il fallait un autre orateur pour faire accepter à l’assemblée une thèse qui, évidemment, n’était pas la sienne. Où le trouver ? M. Camille Pelletan s’est présenté. Il a mis un vrai lyrisme à raconter la vieille histoire du parti radical-socialiste ; il est remonté aux origines ; il a évoqué les grands ancêtres ; il les a connus, il pouvait parler d’eux ; mais, faut-il le dire ? il a paru être un ancêtre lui-même ; sa parole n’a pas porté sur un auditoire qui n’a aucun rapport avec une époque où les radicaux, qu’on appelait seulement alors des républicains, étaient de bonnes gens naïfs et désintéressés. Au surplus, tout cela n’était que hors-d’œuvre : il a fallu en venir au point important. M. Camille Pelletan s’est alors déclaré favorable à l’entente avec les socialistes : cela a suffi, il n’a pas eu finalement plus de succès que M. Debierre, soit parce que le parti radical-socialiste, envahi par de nouveaux venus, n’est plus aujourd’hui ce qu’il était autrefois, soit