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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE




Le congrès que le parti radical et radical socialiste a tenu à Pau a eu, cette année, une importance particulière que lui donnent la proximité des élections générales et aussi le fait que, de son propre aveu, il traverse une crise dont il voudrait bien sortir à son avantage. Il est mécontent du présent et incertain de son avenir. Lorsqu’il passe ses troupes en revue, il s’enorgueillit d’être le parti le plus nombreux du Parlement et dès lors il s’étonne de n’être pas au pouvoir ou de n’y être représenté que par des doublures. Il devrait être le maître et il est dans l’opposition : peu s’en faut même qu’il ne soit toute l’opposition à lui seul. N’est-ce pas là un paradoxe, et comment a-t-il pu se réaliser ? C’est ce que se demande le parti radical et le congrès de Pau s’est donné pour tâche de répondre à cette question : nous verrons dans un moment s’il y a réussi.

D’où vient la faiblesse du parti radical en dépit du chiffre de ses membres ? La raison qu’en ont donnée presque tous les orateurs de Pau est que le parti, s’il s’est accru numériquement, a perdu en homogénéité. Il n’était à l’origine qu’une phalange ardente et pleine de foi, qui marchait en rangs serrés à la bataille et qui, grâce à ces belles qualités, a fini par remporter la victoire et par conquérir la place. Alors, qu’est-il arrivé ? Rien n’attire comme le succès ; aussi a-t-on vu beaucoup de radicaux improvisés se rallier hâtivement au parti et lui apporter une force plus apparente que réelle ; il en a été enflé plus que solidifié. C’est le sort de tous les victorieux : le parti radical et radical-socialiste n’y a pas échappé plus qu’un autre. Il a fait des recrues suspectes. Si c’est là le mal, où est le remède ? On n’a pas attendu l’ouverture du congrès pour le chercher : on a interrogé les augures et parmi eux l’homme que les radicaux-socialistes