Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 18.djvu/227

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ailleurs la composition chimique de l’eau, son odeur ou sa saveur. Enfin l’expérience a montré que la stérilisation par l’ultra-violet n’est efficace que lorsque les eaux sont limpides et ne contiennent pas de matières étrangères opaques en suspension. Il faut donc l’accompagner d’une préfiltration. Des essais ont été faits en grand à Marseille en 1910 et tout récemment aux usines d’Ivry à Paris. Bien qu’ils laissent encore en suspens certaines questions concernant la durée des lampes, la nécessité de les Immerger ou non dans l’eau, l’utilité de contrôler souvent leur rendement, il n’est pas douteux qu’elles permettent d’entrevoir le plus utile avenir pour la stérilisation des eaux potables par l’ultra-violet.

Dès maintenant la stérilisation des eaux est faite par ce procédé à Lunéville, à Saint-Malo, à Gênes notamment. On a même créé des appareils mobiles pour la guerre dont l’un a fait la campagne du Maroc pendant neuf mois, dont un autre a suivi récemment, et avec de bons résultats, les manœuvres de l’armée austro-hongroise.

On a voulu appliquer à d’autres liquides que l’eau ce procédé de stériUsation, mais on a constaté que la plupart d’entre eux (vin, bière, cidre, etc.) sont, à cause des colloïdes qu’ils tiennent en suspension, peu transparens à l’ultra-violet, ce qui exige qu’on ne les fasse couler sur la lampe qu’en couches très minces et rend l’opération peu économique. En revanche, diverses applications secondaires ont été réalisées avec succès : beaucoup de brasseurs stérilisent leurs fûts vides en y promenant quelques instans une lampe à vapeur de mercure. Des compagnies d’eaux minérales stérilisent de cette façon l’eau ordinaire qui leur sert à laver leurs bouteilles. Des sociétés agricoles stérilisent de même l’eau de lavage des beurres, ce qui améliore notablement la conservation de ceux-ci.


LA THÉRAPEUTIQUE ET LA PHYSIOLOGIE DE L’ULTRA-VIOLET

Toute la série animale s’étage entre les infiniment petits et l’homme, ce qui ne veut point dire, hélas ! que celui-ci soit un infiniment grand. On n’a guère recherché jusqu’ici qu’aux deux extrémités de cette échelle les effets de l’ultra-violet, et leur étude pour les diverses espèces intermédiaires est encore une page à peu près blanche de la physiologie.

Signalons cependant que divers animaux (fourmis, daphnies, insectes, vers) présentent, comme Lubbock, Forel, Loeb et d’autres l’ont montré, un phototropisme négatif vis-à-vis des rayons ultra-