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ratoire de physiologie de la Sorbonne. Le résultat le plus important obtenu par M. Victor Henri est la démonstration faite récemment par lui, à l’aide de méthodes microchimiques ingénieusement variées, que les rayons ultra-violets agissent non par l’intermédiaire da milieu ambiant, mais directement sur le microbe lui-même, en y produisant une coagulation du protoplasma et des réactions chimiques modifiant l’affinité des microorganismes pour les couleurs. Ainsi se trouve résolue la controverse qui s’était élevée, comme nous l’avons vu, entre les divers théoriciens de l’action abiotique de ces rayons.


LA STÉRILISATION DES EAUX PAR L’ULTRA-VIOLET

Comme il fallait le prévoir, l’action mortelle de l’ultra-violet sur le microorganisme prend une place de plus en plus importante dans l’arsenal des moyens qui servent à défendre la vie humaine contre ses plus dangereux ennemis : les microbes pathogènes. Déjà nous profitions depuis longtemps de l’action assainissante de ces rayons grâce à la lumière solaire, et l’exposé précédent nous aide à comprendre pourquoi les logemens où cette lumière ne pénètre jamais sont les moins hygiéniques, pourquoi les villes industrielles où les fumées obscurcissent le ciel et absorbent fortement les rayons solaires les plus réfrangibles sont en général moins saines que les autres, pourquoi enfin les pays brumeux du Septentrion sont souvent moins favorables à la santé que les régions ensoleillées du Midi. Après tout, la propreté tant vantée des pays du Nord, si souvent mise en balance avec la négligence et, disons le mot, la saleté qui règne parfois dans ceux du Midi est peut-être un résultat naturel de l’adaptation : ceux-ci ont moins souci de l’hygiène parce qu’elle leur est moins nécessaire, et que les rayons solaires y sont autant de balais aux fibres dorées nettoyant l’air de ses microbes. C’est sans doute ce qui autorise les services de balayage municipaux de tant de villes méridionales à se faire des loisirs ; mais il en est qui exagèrent vraiment leur confiance dans le soleil.

La stérilisation des eaux potables, si importante pour la santé publique, a fait grâce à l’ultra-violet des progrès importans. On a beaucoup discuté depuis quelque temps sur les questions de priorité relatives à cette application. En définitive, il semble bien que les expériences faites en 1892 par M. Mashall Ward sur les eaux de la Tamise, et dont nous avons déjà parlé, ont constitué le premier pas décisif dans cette voie. Trois ans après, un ingénieur français, M. Charles Lambert, à