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sujets un peu difîérens. Le grand public, et parfois aussi le public savant, ont sur les penseurs des idées souvent tyranniques. Ils n’admettent pas qu’on soit l’homme de deux idées ; ils vous rivent dans un sillon unique dont il est interdit de sortir sous peine de perdre leur faveur. Ils n’imaginent pas lorsqu’un créateur a fait une chose très belle qu’il en puisse produire d’autres disparates, de même que le soleil resplendissant de midi leur fait oublier les étoiles qui, par myriades, brillent autour de lui. Et pourtant les étoiles sont aussi des soleils ; s’ils ne les voient pas en même temps, c’est seulement parce que leur œil est imparfait. Cet état d’esprit est cause sans doute que ces travaux de l’école de Finsen sur l’ultra-violet sont peu connus en France, et que dans une bibliographie récente du sujet que cite M. V. Henri[1] aucun des 32 mémoires publiés par cette école sur les actions ultra-violettes ne soit même cité. On nous permettra donc d’indiquer d’un mot quelques-uns des résultats obtenus à Copenhague. D’une part, ils ont établi que lorsque la lumière de l’arc électrique au charbon est condensée par une lentille de quartz au lieu d’une lentille de verre, l’action microbicide est plus de 1000 fois plus rapide (à une certaine distance, le prodigiosus est tué, dans le premier cas en 2 secondes, dans le second en 35 minutes). On a montré d’autre part que l’arc électrique éclatant entre métaux, et notamment l’arc au fer a une action cinquante fois plus énergique que l’arc au charbon. On a aussi comparé à l’institut Finsen l’action des rayons ultra-violets sur divers microorganismes et constaté ceci : les cultures des microbes jeunes sont bien plus sensibles que les cultures âgées ; les levures et champignons sont bien moins sensibles aux rayons ultra-violets que les microbes ; enfin ni la taille ni la pigmentation des infusoires ne se trouve en rapport avec leur résistance à ces rayons ; il semble que ces inégalités de sensibilité doivent être attribuées à des différences dans la composition chimique du protoplasma cellulaire. Enfin M. Bang a, dans un travail très complet, comparé la vivacité de l’action des rayons de diverses longueurs d’onde de la lumière de l’arc au charbon ; si on veut bien se souvenir que l’énergie de ces divers rayons décroît régulièrement du rouge vers l’ultra-violet, on trouvera d’autant plus frappans les résultats suivans de Bang :

Rouge………………… Aucune action après… 7 680 secondes.
Jaune………………… Aucune ac 7 680 sec
Vert…………………… Aucune ac 7 680 sec
  1. Journal de Physiologie et de Pathologie générales, novembre 1911.