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il resta toujours quelque impulsion en ma faveur, dont un autre eût tiré parti ; mais ce n’était pas mon genre. » La Reine envoya son portrait sur une boîte enrichie de diamans à son collaborateur bénévole, qui se rendit à Versailles, le 13 mai 1775, pour la remercier ; c’est apparemment à cette date que prirent fin ses services de jardinage. Il préférait d’ailleurs en rendre d’autres, et le Roi, qui l’avait apprécié, le nomma lieutenant général en 1780.


Au commencement de 1776, les sommes destinées à Trianon étant près d’être épuisées, on évaluait encore à deux cent mille livres ce qui restait à faire. Malgré les difficultés des temps, Angiviller, meilleur courtisan que Turgot, se mettait tout entier au service des projets de la Reine. Il lui adressait, au début d’avril, un mémoire propre à faire valoir son zèle : « Si les fonds ordinaires de mon département n’étaient pas toujours trop inférieurs à ses besoins, je ne me permettrais pas d’occuper Votre Majesté de l’espèce d’embarras dans lequel je me trouve, pour les vingt mille livres à peu près qu’exige le jardin. Mais, puisque les circonstances s’opposent à mon vœu le plus cher, celui de prévenir les désirs de Votre Majesté, je La supplie très humblement de vouloir bien m’autoriser à rendre compte, de sa part, au Roi de l’état actuel des choses et à prendre ses ordres... : Peut-être Votre Majesté préférera-t-Elle de parler Elle-même au Roi, et je me permettrais volontiers de L’y engager. Si Elle daignait m’en laisser le soin, ce sera me réserver un moyen de plus de Lui marquer et mon respect et mon zèle. » Marie-Antoinette permit au Directeur général de parler au Roi et de solliciter ensuite du ministre de la finance l’assignat des sommes à dépenser. On avait alors affaire à M. Necker, qui songeait aussi aux économies ; il manifesta peu d’empressement, puis finit par accorder, en deux annuités, les fonds jugés nécessaires. Mais l’excellent Mique n’était point au bout de ses peines, car Angiviller ne lui pardonnait pas son titre, trop semblable au sien, d’intendant et contrôleur général des Bâtimens de la Reine.

Les rivalités d’attributions, les relations tendues, l’aigreur dans les correspondances font l’histoire ordinaire des administrations aux frontières mal définies. On retrouve en souriant, dans les dossiers d’archives, les phrases de ton vif ou de forme