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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Le vieux mot de Louis XIV : « Il n’y a plus de Pyrénées, » n’a jamais été une vérité et cela est fort heureux. Il est bon qu’il y ait des Pyrénées, c’est-à-dire une frontière parfaitement dessinée entre l’Espagne et nous et que chacun des deux pays garde son caractère particulier. Ce serait un grand bienfait pour la France si elle avait avec tous ses voisins une frontière aussi nettement dessinée par la nature. Mais cette frontière ne doit pas être une barrière infranchissable et nous avons toujours désiré que les Pyrénées, tout en assurant l’indépendance de l’Espagne et de la France, ne fussent pas une entrave à leur expansion, à leur pénétration réciproques, à l’échange de leurs pensées, de leurs sentimens et de leurs produits.

Aucune histoire n’a été d’aillem-s plus mouvementée que celle des rapports des deux pays ; la défiance et l’hostibté y ont été fréquentes ; mais des analogies nombreuses et des intérêts communs ont toujours amené des rapprochemens imposés par la logique et rendus plus faciles par l’inchnation naturelle à des peuples de même famille. Toute cette histoire, à l’exception des conflits violens dont, grâce à Dieu, le temps n’est plus, nous venons de la parcourir en raccourci dans ces dernières années. Nous avons eu avec l’Espagne des difficultés délicates à surmonter. Des maladresses commises de part et d’autre, des impatiences auxquelles on avait trop aisément cédé, des négligences, des oublis qu’on avait eu le tort de commettre avaient produit ce qu’on appelle en langage diplomatique une situation tendue. Puis la situation s’est détendue comme par enchantement ; après les mauvais jours, les bons sont revenus ; le vieux fond d’estime et de sympathie qui existe de part et d’autre s’est retrouvé intact et les mains se sont serrées avec cordialité. Les hommes de bonne volonté n’ont manqué