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nouveaux époux ne fait que grandir. De Luynes, que son maître a enrichi déjà de quelques-unes des dépouilles du ménage Concini, est fait successivement duc, pair, connétable, et, grisé par les bienfaits royaux qui pleuvent sur lui, il affectera des airs autoritaires et à ce point que son bienfaiteur en sera excédé. Quant à sa femme, après avoir obtenu, avant même d’être duchesse, un tabouret à la Cour, elle est nommée superintendante de la maison de la Reine, ce qui va la faire vivre dans l’intimité des souverains et lui assurer sur Anne d’Autriche une influence égale à celle que son mari exerce sur le Roi. Rapprochées par la parité d’âge, par la communauté des sentimens et des goûts, les deux jeunes femmes, — elles ont dix-sept ans l’une et l’autre, — ne tardent pas à s’unir de la plus tendre amitié. Vive, enjouée, spirituelle, disant tout ce qui lui passe par la tête, multipliant envers la Reine les attentions et les égards, Mme de Chevreuse finit par capter sa confiance. Dans la vie monotone et morose de l’épouse de Louis XIII, elle est d’abord un rayon de soleil, puis un élément de perversité. « Elle a été la perte de la Reine dont le bon sens naturel a été forcé par ses exemples : » c’est Richelieu qui le dit dans ses Mémoires. A supposer que, dans l’entourage d’Anne d’Autriche, d’autres influences que celle de Mme de Chevreuse, celle entre autres de la princesse de Conti, aient contribué à ce fâcheux résultat, il n’en est pas moins vrai que la jeune femme du connétable a été le boute-en-train des intrigues qui ont désuni le couple royal.

Récréée et distraite par la surintendante de sa maison, la Reine ouvre à ses conseils, à ses insinuations, à ses propos une oreille complaisante. Quels peuvent-ils être dans la bouche d’une femme qui, moins de trois ans après son mariage, bien qu’elle vienne d’accoucher d’un fils, est la maîtresse du duc de Chevreuse, de la maison de Guise et de laquelle on pourra dire que toute sa conversation consiste « en des actions licencieuses, riottes, coquetteries et jurer Dieu. » Si la Reine a lu des mauvais livres, si son imagination a été salie par ces lectures, par les entretiens qu’elle tolérait ; si le vieux duc de Bellegarde et le brillant duc de Montmorency se sont crus autorisés à lui faire la cour ; si enfin elle a rêvé de se consoler avec le fameux duc de Buckingham de la froideur de son mari, — rêve heureusement éphémère et sans lendemain, — c’est sa superintendante qu’il en faut accuser.