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pour un enterrement ? M. Clemenceau ne le fait-il pas lui-même ? Ne le faisait-il pas, même lorsqu’il était président du Conseil et comme représentant du gouvernement ? Alors, comment peut-il voir dans l’accomplissement d’un acte de simple convenance les ténébreux desseins dont son imagination est hantée ? La question des rapports de l’Église et de l’État n’a rien à faire ici. Un salut n’est qu’un salut, il n’a jamais passé pour une profession de foi. Enfin M. Barthou, dans ce discours d’Aix-les-Bains dont nous avons déjà dit un mot, a déclaré, en proférant les sermens les plus sacrés, que ni sous son ministère, ni sous celui de M. Poincaré, aucune conversation, aucune tentative de négociation n’avait eu lieu avec le Vatican. Nous le regrettons, non pas en ce qui concerne un concordat, que personne ne songe à refaire, et dont on ne voudrait probablement pas plus à Rome qu’à Paris, mais dans l’intérêt de notre influence en Orient. Nous le regrettons, mais M. Clemenceau seul en sera surpris : il aura même quelque peine à l’admettre, car il n’a pas l’habitude de douter de lui-même et il était sûr de son fait.

La Chambre, à la rentrée, perdra-t-elle son temps à des discussions aussi puériles ? On hésite à le croire quand on songe à l’œuvre considérable qu’elle doit accomplir. La loi militaire est votée, mais il reste à faire face financièrement aux dépenses qu’elle entraîne. Quel champ immense ouvert à ses travaux ! Et c’est le moment que choisiraient quelques libres penseurs attardés pour parler au pays de la circulaire du vendredi saint !

Francis Charmes.
Le Directeur-Gérant,
Francis Charmes.