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faible : en revanche, d’après un travail tout récent de M. Obolensky, il est très notable sur la glace sèche ou sur la gelée blanche (280 fois plus grand que sur l’eau). Il est donc très vraisemblable qu’en agissant photo-électriquement sur les cirrus, ces nuages de la haute atmosphère composés comme on sait de particules de glace, le rayonnement solaire y produit des régions cathodiques qui chargent l’atmosphère d’électricité négative ; et ceci doit être une des causes importantes de l’électricité atmosphérique, comme M. Brillouin l’avait soupçonné, il y a plusieurs années déjà.

En déchargeant en partie dans l’air les antennes métalliques à haut potentiel de la télégraphie sans fil, l’effet photo-électrique des rayons solaires est aussi une des causes probables de ce fait bien constaté et qui a longtemps déconcerté les physiciens : que les transmissions radiotélégraphiques sont plus faciles et ont un rayon d’action plus étendu la nuit que le jour.

Enfin on a découvert tout récemment que les rayons ultra-violet extrême ont la propriété de disloquer les atomes des gaz mêmes qu’ils traversent et en particulier de l’air, en les ionisant comme on dit, c’est-à-dire en libérant un certain nombre d’électrons négatifs et d’ions positifs des atomes. Cette action doit contribuer aussi, comme nous l’expliquerons quelque jour, à la production de l’électricité atmosphérique et à la formation de la pluie et des orages.


L’ACTION CHIMIQUE DES RAYONS ULTRA-VIOLETS

Les effets chimiques des rayons ultra-violets sont si nombreux et si remarquables que toute une science nouvelle, la photochimie, est en train de se constituer grâce à eux. Quelques exemples caractéristiques, — que les limites de cette chronique nous interdisent de multiplier, — suffiront à montrer quelles sont la variété, l’importance et la fécondité des actions photochimiques de l’ultra-violet.

Ainsi que le physicien Lénard l’a découvert, il y a peu d’années, les rayons ultra-violets les plus rapides transforment l’oxygène en ozone ; ces rayons sont d’ailleurs absorbés violemment par l’ozone, de sorte que l’ozone de notre atmosphère qui limite, d’après ce qu’on suppose, le spectre solaire du côté des rayons ultra-violets est précisément produit par ceux-ci. La proportion d’ozone contenue dans l’atmosphère serait déterminée par la partie extrême du rayonnement solaire et déterminerait à son tour la limite de ce que nous en pouvons recevoir. C’est un peu, — si on veut me permettre cette ana-