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Hertz, le physicien allemand mort prématurément et pourtant immortel, à qui le monde doit les ondes portant son nom et qui ont rendu possible la télégraphie sans fil. Lorsqu’une lame métallique est électriquement isolée après avoir été chargée d’électricité négative[1], si on fait tomber sur elle des rayons ultra-violets, la lame perd cette électricité en projetant autour d’elle des rayons cathodiques. Ceux-ci, rappelons-le, n’ont rien d’analogue aux rayons ondulatoires dont nous avons parlé jusqu’ici : ils sont formés d’une multitude de particules infimes chargées d’électricité négative et qui, suivant les conditions de leur production, se propagent avec des vitesses variables et toujours inférieures à celle de la lumière. Les rayons cathodiques constituent donc une véritable émission au sens où l’entendait Newton, un véritable bombardement de particules matérielles, et leur nom provient de ce qu’ils sont émis surtout par la cathode, c’est-à-dire par l’électrode négative des tubes à gaz raréfiés traversés par le courant électrique. L’effet photo-électrique de Hertz se produit avec une intensité très inégale, suivant la nature du métal étudié, et, pour un métal donné, suivant l’état de sa surface, son poli, son degré d’oxydation, etc. Certains métaux, les alcalins notamment (sodium, potassium, etc.), manifestent l’effet Hertz avec une particulière vivacité. Parmi les métaux usuels, le zinc est dans le même cas. Il suffit d’exposer à la lumière de l’arc au mercure une lame de zinc chargée négativement pour voir sa charge se dissiper avec une extrême rapidité sous forme de rayons cathodiques.

On a remarqué cependant qu’au bout d’un certain temps d’exposition à l’ultra-violet, l’émission photo-électrique d’une lame métallique donnée diminue et finit par s’annuler, sans que rien dans son apparence n’en laisse soupçonner la cause. Si alors on soustrait cette lame au rayonnement et qu’on la laisse quelque temps dans l’obscurité, elle se trouve de nouveau prête à subir l’effet photo-électrique. N’y a-t-il pas là quelque chose d’analogue à ce qui se passe chez les êtres vivans, qui, lorsqu’ils ont, sous l’action des excitans extérieurs, émis une certaine quantité d’énergie, se trouvent épuisés, et ont besoin de repos et de sommeil pour être prêts de nouveau à se dépenser ?

Cette fatigue photo-électrique des métaux, comme on l’a très justement appelée, aparu quelque temps inexplicable, ainsi que l’effet Hertz lui-même. Aujourd’hui, grâce à la théorie électronique de la matière, que des faits nombreux imposent chaque jour davantage à la science,

  1. En la reliant par exemple au pôle négatif d’une batterie de piles dont le pôle positif est à la terre.