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vérifiée par l’étude du spectre solaire à diverses hauteurs de l’astre au-dessus de l’horizon, et aussi à diverses altitudes. Les expériences du regretté Cornu ont été à cet égard les plus concluantes : elles ont montré qu’à mesure qu’on s’élève dans l’atmosphère, par exemple sur les montagnes, on gagne quelques fractions de micron dans l’ultra-violet. Mais le gain est si faible pour plusieurs kilomètres d’élévation qu’il fallait renoncer à prolonger par l’étude du Soleil l’étendue de l’ultra-violet connu. L’ultra-violet solaire est sans doute en majeure partie absorbé par les couches supérieures de l’atmosphère, surtout par l’ozone qu’elle contient, et qui contribue sans doute à lui donner sa couleur bleue. L’ozone est, en effet, comme on l’a démontré récemment, même sous une faible épaisseur, un des gaz les plus absorbans qui soient pour l’ultra-violet. Nous verrons comment la richesse un peu plus grande de l’ultra-violet solaire aux hautes altitudes a une part très grande dans les effets physiologiques et curatifs des montagnes. Ce sont les rayons ultra-violets solaires qui sont notamment la cause des « coups de soleil. »

À défaut du soleil, diverses sources terrestres ont permis de prolonger beaucoup la région connue de l’ultra-violet. Il y a longtemps déjà, Stokes avait montré que l’ultra-violet de l’arc électrique est photographiable beaucoup plus loin que celui du Soleil. Il découvrit aussi que ces radiations très réfrangibles sont fortement absorbées par la plupart des milieux transparens à la lumière ordinaire, que le verre notamment est complètement opaque pour eux au delà de 0,300 μ. On a en vain cherché à fabriquer des verres transparens à l’ultra-violet. Le plus parfait d’entre eux, le verre Uviol, l’absorbe encore très fortement dès qu’on dépasse 0,25 μ. Au contraire le quartz et le spath d’Islande sont très translucides à ces rayons, on fut donc amené à construire des pièces d’optique en quartz pour l’étude chimique, électrique et biologique des rayons ultra-violets.

C’est ainsi qu’est née une nouvelle industrie, aujourd’hui très florissante et pleine d’avenir : la verrerie de quartz ou plus exactement, et si on veut pardonner l’expression, la quartzerie.

Aujourd’hui, grâce aux hautes températures réalisées par le chalumeau oxhydrique et le four électrique, on sait fondre dans les quartzeries, filer, souffler et étirer à volonté le cristal de roche. Le grand avantage pratique de la verrerie au quartz sur la verrerie ordinaire, est non seulement qu’elle résiste à de beaucoup plus hautes températures et donne des creusets et des récipiens réfractaires, mais surtout qu’elle subit sans se rompre les inégalités de température